Le 7 janvier 2015, onze personnes tombaient en France dans les locaux du magazine Charlie Hebdo, dont huit membres de sa Rédaction. Parmi eux, le dessinateur et Directeur de publication de cet organe à la ligne éditoriale « athée » et « anticléricale », Charb. La raison de leurs assassins : leur dernier numéro dénigrait l’Islam. Pourtant, en 2013 le même journal avait publié un numéro hors série sur « La vie de Mahomet », en bande dessinée moqueuse.
En 2011, c’était « Charia Hebdo ». Bien avant, en 2006, l’hebdomadaire avait publié douze caricatures hostiles à l’Islam, qui étaient déjà parues dans le journal danois « Jyllands-Posten ». Ces dessins tournaient en dérision la foi islamique. Cependant, les protestataires qui s’étaient plaints devant les tribunaux avaient été déboutés en première instance puis en appel ; ceci, au nom de la « liberté d’expression », votée en France : la loi du 29 juillet 188I ; soient quatorze ans avant que le fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba, ne soit condamné à l’exil par l’administration coloniale, qui régnait sur son pays le Sénégal. Un an et trois semaines après le massacre de Charlie Hebdo par des fanatiques, son nom revient sur la scène ; un autre journal, « Jeune Afrique » s’étant permis dans sa caricature d’associer l’image de ce Serviteur du Prophète (Khadimou Rassoul) avec l’affaire du jeune Waly Seck : le musicien qui a défrayé, négativement, la chronique en s’exhibant avec sac pour femme. Un autre danger aux risques multiples, créé par des athées au nom d’une loi caduque et dépassée, parce que datant bientôt de 135 ans ; soient un siècle, son quart et quinze ans ! Une loi dangereuse, parce que déraisonnable.
Pourtant, le philosophe allemand Emmanuel Kant, qui a vu trois quarts de siècle passer avant de partir au début du dix-neuvième siècle, prévenant au sujet de la Bible avait averti que les attaques contre ce Livre constituent « un crime contre l’humanité ». Que dire dès lors à propos de ceux qui dénigrent les apôtres du Saint Coran ? Il s’y ajoute que la liberté d’expression « s’arrête là où commence celle d’autrui ». De même, peut-il y avoir de liberté pour les « ennemis de la liberté », pour paraphraser l’autre ? La critique ne peut être déroulée sans raison, sinon elle devient provocation. Et la raison veut que l’on tolère, au moins, l’autre. La paix est à ce prix, surtout que la foi est à la fois individuelle et une affaire de groupe.
Or, l’individu ne peut primer sur la collectivité. Ainsi donc, « Jeune Afrique », qui devait se réclamer d’un autre nom, n’a pas fait l’économie de la déraison de Charlie Hebdo. Pourvu que les Mourides, pardonnent aux détracteurs de leur guide, comme le fit Cheikh Ahmadou Bamba « par La Face de l’Ami » : Le Créateur. Pourvu que la liberté ivre retrouve pour toujours la raison. Car, la quiétude de l’humanité est à ce prix.
Alioune Badara DIALLO