Ce qu’il faut savoir sur la TNT – Par Alioune Ndiaye DG DIASPORA24TV

En ces temps qui courent, le passage de la télévision analogique à la télévision numérique est le sujet le mieux partagé sur l’audiovisuel au Sénégal. Des experts et des consultants nous ont servi toutes sortes de leçons magistrales sur la télévision numérique et jusqu’ici le commun des Sénégalais n’a pas les idées claires sur la Télévision numérique terrestre (TNT).

Ce qu'il faut savoir sur la TNT - Par Alioune Ndiaye

Que devons-nous comprendre de la TNT ?

– La technologie ?

– La nomenclature ?

– ou bien le vrai business visé par des GIP (Groupement d’Intérêt Personnel)

C’est une réalité que de le dire, le Sénégal n’a pas manqué le rendez-vous mais notre pays n’a pas basculé non plus ce 17 juin 2015. Il a installé et mis en marche un réseau numérique qui abritera progressivement la TNT. Il faut avoir l’esprit patriotique pour soutenir le groupe EXCAF qui a fait un travail remarquable et salutaire dans un contexte difficile où des experts de la TNT et des ingénieurs ont prédit l’échec.

Nous avons entendu et lu des journalistes, des producteurs, des éditeurs et mêmes des propriétaires de chaines de télévision qui, durant leurs différentes déclarations, ont usé sans retenue des termes « arnaque », « mascarade médiatique », « faux bond », « nébuleuse », « escroquerie » et que sais-je encore.

Force est de constater que le premier résultat de ce procédé du comité de pilotage sous le coaching du CNRA élève largement le Sénégal au rang des pays de référence en matière de Broadcast dans la sous-région. Le Sénégal, en moins de deux ans, a câblé plus de la moitié du réseau qu’occupent les fréquences attribuées aux télévisions, là où les pays développés ont mis des années de réflexion et d’épreuves pour passer de l’analogie au numérique : La France et l’Italie, pour ne citer que ces deux pays européens, ont traîné le pied dans les opérations. Trois bonnes années ne leur ont pas suffi pour passer à télévision numérique.

La prouesse est une preuve de l’expertise locale, elle démontre la maîtrise du métier par l’attributaire qui a bien mérité la confiance de l’autorité. C’est également l’occasion de rendre hommage à feu Ibrahima Ben Bass Diagne, pionnier de l’audiovisuel au Sénégal, véritable architecte de ce réseau numérique. Ce visionnaire, discret avait déjà fini de câbler l’intérieur du Sénégal avec son réseau d’antennes et de stations FM. Jusqu’à une date récente, RDV est l’unique plateforme audiovisuelle qui couvre le Sénégal des profondeurs. Toutes les autres stations FM et les télévisions ont bénéficié, à l’exception de la RTS, des services laborieux des câblodistributeurs pour honorer leur présence dans les régions.

Les résultats test de nos sites masters sur le spectre numérique indiquent : cinquante-neuf pour cent (59%) du territoire sénégalais est aujourd’hui digital sur la norme standard. Les seules faiblesses notoires des zones dites couvertes se situent vers Saint-Louis et dans les bassins. L’autre procédé malheureux est connu des personnes du secteur. Des prédateurs utilisent les médias ou leurs médias, d’autres usent de leurs relations auprès de certaines banques pour porter un mauvais procès au Sénégal. L’échec de l’attributaire est visé certes, mais c’est notre pays qui sera le grand perdant.

Le décodeur n’est pas une nouveauté au Sénégal mais le suffixe TNT a stimulé le débat raté par les vrais intervenants. L’aspect « décodeurs » a créé beaucoup de confusion sur le passage à la Télévision numérique terrestre par une certaine presse qui a confondu d’avantage les populations. D’autres mauvais perdants fustigent les critères d’attribution du marché et exercent la pression pour la libération des fréquences, l’autre morceau du business numérique (nous y reviendrons prochainement en détails).

Le Groupe EXCAF attributaire du marché a réussi le plus difficile mais butte sur sa communication. Il a tous les avantages pour se rectifier par d’autres formes moins spectaculaires. Les panneaux publicitaires dressés dans certaines artères des villes n’édifient pas. Certaines personnes en regardant au passage ces panneaux, comprennent plutôt des marques ou des modèles de téléviseurs exposés en lieu et place de l’essentiel. La violence et l’ambiance de la lutte inhibent la portée de la sensibilisation.

La TNT, ce n’est ni de la boisson, ni du cosmétique, ce n’est pas une denrée non plus. C’est de la technologie qui a besoin d’explications et surtout de démonstrations pour des novices. Les services à valeur ajoutée ou les dividendes numériques qui proviendraient de la libération des fréquences, sont une autre mission non assignée au Groupe EXCAF. Donc, vouloir greffer ce volet dans un débat de sensibilisation rendrait la compréhension des citoyens plus difficile.

Après une réussite technique sur une nouvelle technologie, le Groupe EXCAF et ses collaborateurs doivent orienter leur communication sur deux priorités:

– une vraie date de début de distribution des décodeurs après des phases d’essais maîtrisés

– une campagne de communication massive à travers la presse (les télévisions, les radios) afin de mieux accompagner les usagers à connaitre les avantages de la TNT et à acquérir des récepteurs adéquats. L’utilisation de toutes les ressources linguistiques du pays faciliterait la transmission du message.

Pour réussir cette campagne qui vise à informer le grand public, le Groupe EXCAF a intérêt à collaborer avec tous les supports médiatiques susceptibles de lui donner une portée de communication qui lui permet d’inciter les familles sénégalaises à adhérer à ce projet d’envergure. Cette communication doit au préalable s’appuyer sur une plateforme d’assistance et de service après-vente avec des techniciens d’accueil aguerris ou solidement formés

Les lobbies internes et la concurrence

L’attribution du marché de la TNT à une société locale en l’occurrence le Groupe EXCAF, société de Broadcast, bien connue dans la sous-région ne peut plaire ni aux concurrents ni aux multinationales. Ce qu’il faut déplorer dans cette guerre, ce n’est pas les lobbies étrangers qui utilisent des sociétés qui ne sont sénégalaises que de nom, et des télévisions voire même des groupes de presse-courtiers pour lancer des alertes et prédire l’échec. C’est ici le lieu de déplorer le manque de patriotisme des certains médias sénégalais surtout de certaines télévisions qui ont orienté débats, arguments et reportages vers un manque d’expertise et une méconnaissance des outils du numérique.

En réalité, leur communication est à l’origine des confusions. En lieu et place de reportages de terrain sur les travaux effectués par l’attributaire, d’apporter leur coopération, certains ont même cherché à faire la pression sur les populations afin d’avoir leur part de marché de communication. Ils ont aiguisé l’appétit des Sénégalais sur la TNT tout en leur poussant vers l’impatience de vivre quelque chose qu’ils ignorent encore. Cette forme de pression sur le Groupe EXCAF pousserait celui-ci à ne pas coopérer de peur d’être victime des peaux de banane posées aux sections de câbles numériques.

Notre pays est dans l’obligation de respecter ses engagements pris à l’IUT (Union internationale des télécommunications). Aucun de soumissionnaires durant la phase dépôt des offres n’a pris l’engagement sur lui-même de financer totalement la réalisation du passage du Sénégal à la TNT. L’attributaire a déchargé le Sénégal d’une éventuelle dette de plus et le contribuable d’une imputation de ses maigres économies. C’est à saluer, osons le dire. Armons-nous de patience et de patriotisme. Apprenons à dire du bien de nous et à soutenir nos compatriotes. La réussite du Groupe EXCAF, du CONTAN et du CNRA ne traduit qu’un exemple de compétence sénégalaise, honneur de notre expertise locale.

Nous rappelons que tous les pays membres de l’IUT ont signé à Genève en 2006, la transition de l’analogique vers le numérique avec comme date butoir le 17 juin 2015.

NB : Je reviendrai sur :
– les dividendes numériques, seconde chance des opérateurs et des prétendants détenteurs de licence de téléphonie
– L’utilité de la TNT pour les chaines de télévisions sénégalaises et pour les usagers
– Les groupes de lobbies internes au CONTAN pour de futurs projets hors mission

Alioune NDIAYE
DIASPORA24TV
alioune.ndiaye@tele-bi.com

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