Communiqué du parti politique NAATANGE Askan Wi

Au Sénégal, rendre le droit et rien que le droit n’est nullement un événement surprenant pour ceux qui croient en la force des institutions républicaines. Depuis toujours, notre justice a su se démarquer des ambitions souvent démesurées de la classe politique. Chaque fois qu’il a été question de trancher une question de droit, le Conseil constitutionnel a su s’imposer, fidèle aux principes juridiques, sans jamais céder aux pressions politiques.

Mieux encore, il a souvent dépassé les attentes d’une opinion publique silencieuse, mais vigilante. Même au sein du parti au pouvoir, certains militants doutaient de la validation de certaines lois, à commencer par le Président de la République lui-même, qui n’a pas caché ses réserves face à l’annulation d’une loi controversée.

L’affaire récente du rejet de la candidature de Karim Wade, sur fond de double nationalité et de soupçons de corruption, est une illustration parfaite : malgré les insultes, les calomnies et les menaces, le Conseil constitutionnel n’a pas tremblé. Il est resté inébranlable, fidèle à son serment de dire le droit.

Par ailleurs, l’article 2 de la loi interprétative récemment introduite par le pouvoir en place visait clairement à conforter l’ordonnance de non-lieu rendue par le juge ayant libéré Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, ce qui semble être légitime. En effet, l’objectif était d’inclure dans le champ de l’amnistie les complicités d’actes de tortures, d’homicides, ainsi que les actes de tortures ayant une motivation politique . Or, une loi doit, par essence, avoir un caractère général et impersonnel – une règle fondamentale enseignée dès la première année de droit. Cette tentative de légiférer de manière ciblée constituait une violation flagrante des principes de l’État de droit, et son rejet était donc inévitable.

La validation de la candidature de l’actuel président Bassirou Diomaye Faye, ainsi que la gestion responsable de la fixation de la date de l’élection présidentielle, confirment cette constance judiciaire. Pour ceux qui suivent de près l’évolution politique de notre pays, le rejet de la loi d’interprétation contraire à la Constitution n’a donc rien d’étonnant : la justice sénégalaise a toujours triomphé.

Cependant, force est de reconnaître que les hommes politiques, dans leur quête effrénée du pouvoir, ont souvent pris le peuple en otage. Ils n’ont pas hésité à ternir l’image de la justice pour séduire l’opinion publique. Cette manipulation n’est pas nouvelle : chaque régime a, à sa manière, tenté d’abuser de la conscience collective.

Aujourd’hui, le pouvoir en place gagnerait à prendre du recul et à rectifier le tir. Il est encore possible de rendre justice aux victimes et de venger symboliquement les martyrs de notre démocratie, mais cela doit se faire dans le respect scrupuleux du droit. Car, en définitive, aucune institution n’est plus forte que le peuple. Et le peuple sénégalais a prouvé qu’il est assez mûr pour porter et défendre, à lui seul, le verdict de la vérité.

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