On estime que chaque année, 15 millions de filles de moins de 18 ans sont forcées à conclure des mariages. La pratique néfaste des mariages d’enfants, précoces et forcés (MEPF) bafoue les droits des filles et met une fin abrupte à leur enfance. Le Canada est déterminé à résoudre ce problème international et a établi l’élimination des MEPF comme une priorité en matière de politique étrangère et de développement.
L’élimination des MEPF ne peut être résolue par soi-même; il s’agit d’un enjeu nécessitant la mobilisation de la communauté internationale. En travaillant ensemble, nous pouvons nous assurer que filles et petites-filles profitent de leur enfance, sans avoir à contrer les menaces des MEPF.
À Kolda, au Sénégal, 48 p. cent des filles de la région sont mariées avant que soit fêté leur 18e anniversaire. L’ambassade du Canada au Sénégal a mené une coalition avec ses partenaires, notamment le gouvernement du Sénégal, l’ambassade des Pays-Bas au Sénégal, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), World Vision Australia, Filles pas Épouses et le Programme d’appui au développement économique de la Casamance (PADEC), dans le but d’organiser une série d’événements de sensibilisation et de trouver des solutions locales au MEPF à Kolda.
Allant d’une séance de formation pour les journalistes locaux à une séance de discussion ouverte à l’intention des jeunes et des leaders de la communauté en passant par une marche organisée à travers la ville et un concert mettant en vedette des artistes de hip-hop locaux, les activités organisées par les partenaires visaient à examiner les risques liés aux MEPF, tout en trouvant des solutions permettant de réduire les MEPF et de promouvoir la protection des droits des enfants.
Les journalistes donnent une voix à ceux qui n’en ont pas
Les premiers événements organisés à Kolda furent une séance de formation et un groupe de discussion à l’intention des journalistes locaux. Plus de deux douzaines de journalistes y ont participé, parmi lesquels figurait une participation remarquable de la part des stations de radio locales. En raison des faibles taux d’alphabétisation dans les régions rurales, la radio constitue souvent la seule source d’actualité pour la plupart des résidents de Kolda.
La séance a constitué une occasion pour les journalistes de discuter des défis auxquels ils sont confrontés lorsqu’ils réalisent des reportages sur les enjeux touchant les MEPF et de partager leurs pratiques exemplaires. Plusieurs d’entre eux ont soulevé des enjeux tels que les barrières linguistiques, les préjugés ethniques, la culture de dénonciation, le fardeau de responsabilités des parents et des jeunes filles et l’absence de guichet unique pour aborder les problèmes liés aux MEPF.
Pour plusieurs de ces journalistes participant à la séance de formation, il s’agissait de la première fois où on les reconnaissait comme un groupe d’influence jouant un rôle essentiel concernant la lutte contre les MEPF. La formation a permis à ces journalistes de reconnaître l’importance de la diffusion de récits pour la lutte contre les MEPF en leur conférant le pouvoir d’apporter de véritables changements sociaux à Kolda.
Les groupes d’experts favorisent la sensibilisation
Plus de 400 jeunes, représentants du gouvernement et leaders communautaires se sont rassemblés lors d’un après-midi sous une chaleur accablante afin de participer à une discussion entre experts portant sur les MEPF dans la région de Kolda. Le groupe d’experts a été animé par le maire adjoint, Daouda Sidibé, ancien universitaire qui a rédigé sa thèse sur les MEPF, ainsi qu’un représentant du conseil régional.
Les sujets abordés lors des discussions d’experts d’une demi-journée portaient notamment sur la santé, l’éducation et les approches axées sur les droits. En plus des discussions entre experts, l’événement a mis en vedette des spectacles et des interventions passionnées de plusieurs jeunes membres de l’auditoire. L’événement a permis d’aider à faire passer des messages importants sur les droits universels, les bienfaits de l’éducation pour le développement et la pratique de l’abstinence afin d’assurer la santé et le bonheur des jeunes garçons et des filles.
S’allier pour mettre fin aux MEPF
L’ambassade, en collaboration avec l’UNFPA et Vision Mondiale, ont rallié la communauté dans le cadre d’une marche unie partant de l’hôtel de ville de Kolda vers la résidence du Gouverneur général. Près de 3 000 personnes sont venues témoigner leur appui pour la marche, ce qui constitue un symbole remarquable et impressionnant de l’espoir que possède la communauté envers l’élimination des MEPF au moyen de la collaboration et de la sensibilisation.
La marche s’est conclue avec une conférence de presse improvisée avec toutes les autorités participantes de la région, notamment le gouverneur, le préfet, le maire adjoint ainsi que l’ambassade du Canada et ses partenaires, l’UNFPA et Vision Mondiale.
Un chœur à l’unisson
Couronnant la campagne sur les MEPF à Kolda, l’ambassade a organisé un concert et un spectacle théâtral en soirée, qui mettaient en vedette une brochette d’artistes locaux talentueux, dont plusieurs d’entre eux militent contre les MEPF au sein de leur communauté. Certains de ces artistes avaient même composé leurs propres chansons sur la lutte contre les MEPF dans la langue locale. Les spectacles de la soirée transmettaient des messages émotionnels portant sur la lutte contre les MEPF qui faisaient écho auprès du public comptant plus de 600 jeunes et parents.
Malgré le fait que le concert marquait la clôture de la fin de semaine sur les activités de lutte contre les MEPF à Kolda, le Canada continuera de travailler en collaboration afin d’éliminer les MEPF au Sénégal et ailleurs dans le monde.
L’ambassade du Canada au Sénégal était fière de mener la lutte contre les MEPF à Kolda, au moyen de l’ engagement d’acteurs issus de tous les milieux de la société, dont des victimes, des jeunes et des militants, en passant par les représentants du gouvernement, les leaders de la communauté et les journalistes locaux.
Grâce à un front uni, le Canada se réjouit à l’idée d’un avenir où la pratique néfaste des MEPF n’existera plus.
Seydou Nourou Ba