Deux jours avant le premier tour de son élection présidentielle, et « malgré la croissance, les Ivoiriens restent divisés », lance La Croix en manchette. Dans un dossier de deux pages plus la Une qu’il consacre à ce scrutin de dimanche, le quotidien catholique souligne donc que le président-candidat Alassane Ouattara « n’a pas su se poser en réconciliateur d’un pays fragmenté » et prédit une forte abstention dimanche, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Ce jour-là, « de nombreux Ivoiriens s’apprêtent à bouder les urnes », anticipe-t-il.
Reportage du quotidien français à l’université d’Abidjan où, depuis sa réouverture en 2012, le matériel manque. « Pas de tableaux et de micros dans les amphis. Les laboratoires de sciences sont vides : pas d’éprouvettes, pas de tubes à essai, se lamente un certain Brice dans les colonnes du journal. Et toujours pas de bibliothèque ! L’argent a été investi dans ce qui se voit de l’extérieur. Le reste a été détourné! », dit-il à La Croix.
A Sagbé, quartier d’Abobo, le quotidien catholique français remarque encore que « rien n’a visiblement changé (…) depuis 2011 ». Ce qu’on entend dans les rues ? « On ne mange pas les ponts ! On ne mange pas les routes, rapporte le journal. Se nourrir, bien se nourrir, c’est toujours une question primordiale. Beaucoup confient devoir se contenter de deux repas par jour, parfois d’un seul. La viande est un aliment de luxe (…) Même à Cocody, la commune la plus huppée de[ce que La Croixappelle] la capitale ivoirienne, les fruits de la croissance sont loin d’avoir profité à tous ».
Côte d’Ivoire : les nouveaux riches
Ces fruits de la croissance ivoirienne, à qui ont-ils donc profité ? Pour répondre à cette question, La Croix a rencontré un « observateur qui veut garder l’anonymat, pour ne pas avoir d’ennuis », et qui, précautionneusement lui confie sa réponse désabusée. « Les nouveaux riches n’ont pas déserté Abidjan. Mais ils ont changé d’origine, se désole cet anonyme. Ils sont issus du nord du pays, d’où proviennent Alassane Ouattara et ses proches ». Rencontré encore, un « étranger » qui n’ose davantage décliner son identité, mais qui remarque dans le journal (dont on ne saurait mettre l’intégrité en doute) que « les nouveaux riches du clan Gbagbo ont été remplacés par ceux du clan Ouattara ».
Mais le reporter de La Croix a fini par dénicher une source osant parler à visage découvert. Son nom, Jean Sylvestre Bony, psychiatre de son état, qui « tient » un cabinet aux Deux Plateaux, quartier d’Abidjan situé dans la commune de Cocody, précise le journal. Ce spécialiste des traumatismes post-conflit estime que là réside ce qu’il pense être le « grand échec d’Alassane Ouattara », confie-t-il au quotidien français, « penser qu’il suffit de construire des ponts et des routes pour permettre aux Ivoiriens de vivre mieux est une illusion ».
Congo : peur sur les villes
J – 2 également au Congo, pour le référendum constitutionnel. Et ce vendredi est à haut-risque dans ce pays. A Brazzaville, toutefois, « le calme régnait » hier, note Le Parisien. Le journal prend acte du fait que l’opposition a annulé hier soir le grand rassemblement dans la capitale congolaise auquel elle appelait contre le référendum de dimanche qui pourrait permettre au président Denis Sassou-Nguesso de « se représenter en 2016 ». Mais, souligne le journal, il faut dire que ce rassemblement a « été interdit ». Et Le Parisien consigne les bilans contradictoires des heurts cette semaine entre forces de l’ordre et manifestants à Brazzaville et Pointe-Noire, qui ont fait « entre quatre morts, selon les autorités, et une vingtaine de tués, selon une coalition d’opposition ».
RCA : douane, on ne passe pas !
Et puis cet incident en République centrafricaine : un opposant retenu sur ordre à l’aéroport de Bangui. Selon Le Figaro, l’ancien premier ministre Élie Doté « n’a pas pu prendre », ces dernières heures, le vol hebdomadaire d’Air France pour quitter la capitale, Bangui. Il a été retenu à l’aéroport, « sur instruction de la présidente de transition, Catherine Samba-Panza », énonce le journal. Premier ministre de 2005 à 2008, Élie Doté est très critique sur la « gestion » du pouvoir actuel et demande à la communauté internationale, la France en tête, d’intervenir pour qu’un « nouveau » régime politique soit « mis en place », complète Le Figaro.
Marine Le Pen : le zapping
Trois heures à peine avant le début de l’émission Des paroles et des actes sur France 2 hier soir, Marine Le Pen a fait savoir qu’elle ne s’y rendrait pas. Par voie de communiqué, la présidente du FN a dénoncé ce qu’elle appelle une « mascarade » et s’est insurgée contre « la manière cavalière et méprisante » dont elle a, selon elle, était traitée.
Pour bien comprendre cette histoire, il convient de rappeler que, depuis l’annonce, début octobre, de sa venue programmée sur le plateau de cette émission de grand flux, la droite comme la gauche ont fait assaut de protestations contre cette invitation à elle lancée par France 2. A tel point que mercredi, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy et le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, avaient chacun envoyé une lettre de protestation au Conseil supérieur de l’audiovisuel. Les deux dirigeants se sont même téléphoné pour en parler !
A la suite de quoi, France 2 avait cru bon d’inviter sur le plateau de l’émission les adversaires de Marine Le Pen à l’élection régionale de décembre en Nord-Pas de Calais. Résultat ? « Elle ose, elle s’oppose, elle impose, la présidente du Front national, s’effareL’Opinion… Rien ne semble devoir résister à Marine Le Pen » qui est devenue le « barycentre » de la vie politique française, géométrise le journal.
Ce boycott de l’émission que Le Parisien appelle le « coup d’éclat » de Marine Le Pen. Laquelle a « sauté sur l’occasion » pour se poser en « victime » du système « UMPS » (autrement dit l’alliance supposée entre le Parti socialiste et l’ex-UMP, devenu LR, autrement dit Les Républicains). Dans le quotidien, justement, un député LR anonyme estime « Sarkozy et Cambadélis ont fait une belle boulette, le piège était évident ».
Le Figaro n’écrit pas autre chose. « Dire que l’ancien chef de l’État avait transformé l’UMP en Républicains pour que Marine Le Pen ne puisse plus dénoncer « l’UMPS » ! », soupire Le Figaro. Le sigle a bien disparu mais la démarche concertée des présidents des deux partis dominants au Parlement offre l’occasion à la présidente du Front national de souligner avec une ardeur renouvelée cette supposée collusion ».
avec rfi