COUP DUR POUR LE SENEGAL : Le sauvetage d’Alstom bloqué par Bruxelles

COUP DUR pour Alstom, ses salariés
et ses actionnaires ! Mario Monti a durci le ton, hier, vis-à-vis de la France. Le commissaire
européen à la Concurrence qui, lundi, à la suite d’un entretien avec Francis Mer, le ministre
de l’Economie, semblait plus enclin à la négociation, a adressé un ultimatum aux pouvoirs publics
français. Dans le collimateur : le soutien financier, décidé par l’Etat en août dernier, sous
la forme d’une entrée dans le capital à hauteur de 31,5 % du groupe industriel, alors au bord
de la cessation de paiement, et de la garantie de certains contrats. Pour la Commission, ces
aides pourraient aller à l’encontre des règles européennes en matière de concurrence. « La seule
issue est de recourir à des mesures transitoires, comme un prêt à court terme », a déclaré le
porte-parole de la Commission, qui se donne plusieurs mois pour mener à bien une enquête formelle.
Surprise
de Bercy

Chez Alstom, le silence était de mise, hier. Aucun commentaire officiel, non plus,
du côté des banques créancières, initiatrices du plan de redressement. « C’est très inquiétant
pour l’ensemble de la communauté bancaire, reconnaît un de ces banquiers, sous le sceau de l’anonymat.
L’aide de l’Etat était consubstantielle au plan de renflouement d’Alstom, car outre son strict
aspect financier, elle était déterminante pour redonner confiance aux clients de l’entreprise.
Si cet élément venait à manquer, c’est tout le plan qui échouerait et l’entreprise avec. Bruxelles
ne semble pas avoir compris que la situation financière du groupe ne permet pas d’attendre quelques
mois. » A Bercy, où l’on ne cache pas sa surprise face au durcissement de la Commission, on
préfère tempérer. « On continue de discuter avec Mario Monti et ses services, précise-t-on.
On essaie de trouver la meilleure solution possible. »
Que peut-il se passer désormais ? Francis
Mer, qui retrouvera Mario Monti lors de l’Eurogroupe et de l’Ecofin, vendredi et samedi prochains,
à Stresa en Italie, a jusqu’à la fin de la semaine pour accepter le principe de mesures transitoires
et faire de nouvelles propositions.
La France peut aussi passer en force en s’appuyant sur le
fait qu’Alstom est un groupe européen employant directement et indirectement 150 000 salariés
au sein de l’Union. En août, Loyola de Palacio, la commissaire européenne chargée des Transports,
avait apporté, pour cette raison, un soutien discret au plan de sauvetage d’Alstom.
Dernière
solution : retirer l’aide de l’Etat et faire prendre en charge par les banques créancières la
totalité de l’augmentation de capital. « Alstom pourrait devenir un second Eurotunnel, explique
un analyste financier. Les créanciers avaient le choix entre la faillite et la perte définitive
de leurs prêts, ou renflouer l’entreprise en prenant le contrôle du capital. Mais si l’exploitation
d’Eurotunnel ne posait pas de réels problèmes, il risque d’en aller autrement avec Alstom qui,
sans l’Etat dans son capital, pourrait perdre la confiance de ses clients. »
Familière des négociations
serrées avec Bruxelles, la France a encore plusieurs dossiers en instance : EDF, France Télécom
et Bull…

 

Le Parisien