DE MAL EN PIS : La crise migratoire a vu 700.000 migrants et réfugiés arriver en Europe via la Méditerranée

Plus-de-700.000-migrants-ont-traverse-la-Mediterranee_article_landscape_pm_v8La crise migratoire qui a vu 700.000 migrants et réfugiés arriver en Europe via la Méditerranée depuis janvier risque de s’aggraver, a prévenu mardi le président du Conseil européen Donald Tusk, mettant à l’épreuve la coopération, déjà délicate, entre les pays de l’UE.

Cette année, au total, 705.200 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée, selon les dernières données du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR): 562.355 personnes ont rejoint la Grèce et 140.000 l’Italie. En Grèce, les Syriens représentent 64% des arrivées. Et « la situation va encore se détériorer », a averti le président du Conseil européen Donald Tusk lors d’un débat devant le Parlement européen de Strasbourg, évoquant « la nouvelle vague de réfugiés venant d’Alep et des régions des bombardements russes en Syrie », qui ont provoqué le déplacement « de plus de 100.000 » personnes. Sur le terrain, en Grèce « le nombre des arrivées continue d’être élevé », « malgré la détérioration des conditions météorologiques ce week-end », observe l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)

Depuis le début du mois d’octobre, ils sont plus de 160.000 à être arrivés sur les îles grecques depuis la Turquie, dont 99.000 ont débarqué sur l’île de Lesbos, 22.000 à Chios, 21.500 à Samos et environ 7.500 à Léros, selon l’OIM. En Italie, 7.230 migrants sont arrivés en octobre, contre plus de 15.000 pour la même période l’an dernier. L’OIM attribue cette baisse au fait que les Syriens ne passent plus par l’Italie pour rejoindre l’Europe, mais par la Turquie et la Grèce. Ces hommes, femmes et enfants de tous âges poursuivent ensuite leur périple vers le nord de l’UE le long de la route des Balkans de l’ouest, où Macédoine, Serbie, Croatie, Slovénie, Autriche peinent à organiser leur transit dans de bonnes conditions.

RECORD JOURNALIER DE 11.500 PERSONNES ENTRÉES EN CROATIE SAMEDI

« Nous devons faire mieux parce que nous risquons de ne pas être à la hauteur », a insisté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors du débat devant le Parlement européen, en pointant du doigt la lenteur de la mise en oeuvre du plan de répartition de l’accueil de réfugiés dans l’UE, à partir de centres d’enregistrement (dits « hotspots ») en Italie et en Grèce. Des bus et des trains circulent jour et nuit à travers les Balkans pour acheminer les réfugiés d’une frontière à l’autre où de longues heures, voire plusieurs jours d’attente dans le froid sont nécessaires avant d’être enregistré et de pouvoir continuer le voyage.

Un record journalier de 11.500 personnes étaient entrées en Croatie samedi; elles ont été environ 7.000 lundi. La Slovénie a vu transiter plus de 86.000 personnes depuis que la Hongrie a fermé une seconde frontière, avec la Croatie, il y a dix jours, et quelque 14.000 migrants étaient pris en charge dans les structures d’accueil du pays mardi. Le gouvernement slovène, qui s’est dit débordé par cet afflux, espère que le plan d’urgence adopté lors du mini-sommet européen de dimanche va permettre de mieux contenir la situation. Le plan prévoit la création de 100.000 places d’hébergement en Grèce et dans les Balkans ainsi qu’une meilleurs coordination entre les pays situés sur la route des Balkans. Le ministre des Affaires étrangères slovène Karl Erjavec, cité par l’agence de presse slovène STA, a prévenu que « si la situation empire et que le plan d’action de Bruxelles n’est pas mis en oeuvre, la Slovénie a plusieurs scénarios prêts », dont « l’installation d’une clôture gardée ». En l’état, Ljubljana et Zagreb semblent communiquer un peu plus que les jours passés et tentent de mettre en place un passage de leur frontière par train, pour réduire la pression sur le petit village slovène de Brezice (150 habitants), où des colonnes de milliers de personnes encadrées par les forces de l’ordre transitent chaque jour à pied, par les routes de campagne et par les champs.

A l’étape suivante de la route, entre Autriche et Allemagne, la situation n’était pas plus facile avec des échanges acerbes de part et d’autre. Le dirigeant de la Bavière, Horst Seehofer, a vivement attaqué les autorités autrichiennes qu’il accuse d’envoyer des milliers de réfugiés vers l’Allemagne sans avertir au préalable sa région. La police autrichienne a rejeté ces accusations, estimant que c’est la Bavière qui filtre de manière excessive les entrées.