Les ivoiriens et ivoiriennes ont été conviés aux urnes le 25 octobre 2015 pour élire leur Président de la République. Cette échéance électorale qui s’est tenue cinq ans après les douloureux évènements de 2010-2011 constitue une étape décisive du processus de normalisation et de stabilisation de la vie sociopolitique en Côte d’Ivoire. Le scrutin s’est tenu dans un climat général de paix en dépit des clivages au sein de la classe politique et du contexte caractérisé par une crise de confiance profonde d’une frange de l’opposition. La Mission d’Observation de l’Union Africaine (MOEUA) salue la retenue de l’ensemble de la classe politique ivoirienne. La Mission se réjouit de la volonté des acteurs sociaux à jouer leur partition dans l’apaisement de ce scrutin. La Mission tient également à féliciter le peuple ivoirien pour son sens de la responsabilité.
Les constats préliminaires de la Mission d’observation de l’Union Africaine sont présentés en détail dans sa déclaration préliminaire qui sera disponible à la fin de cette conférence de presse.
De façon générale, l’élection s’est déroulée dans une atmosphère de paix et de quiétude. Dans tous les districts autonomes et régions de la Côte d’Ivoire où la mission a été présente, les opérations de vote se sont dans l’ensemble déroulées dans le respect des procédures en conformité avec la loi électorale ainsi que les directives données par la Commission Electorale Indépendante (CEI), malgré les contraintes dues aux insuffisances matérielles techniques et logistiques.
82% des bureaux de vote visités par la Mission n’ont pas ouvert à l’heure réglementaire, dû entre autres, à l’arrivée tardive du matériel électoral, l’aménagement tardif du bureau de vote, l’arrivée tardive du personnel électoral et aux difficultés liées à l’utilisation de la tablette d’identification. La MOEUA a noté que le matériel électoral était disponible dans 65% des cas avant l’heure d’ouverture. La MOEUA a noté avec satisfaction la présence discrète des forces de l’ordre dans tous les centres de vote où ses observateurs étaient déployés. Dans les bureaux de vote visités, la MOEUA a constaté la présence de trois agents électoraux comme l’exige la loi. Elle a constaté que le personnel des bureaux de vote était à la hauteur de sa tâche en dépit de la non maitrise de l’utilisation de la tablette biométrique notée dans certains bureaux de vote visités. Cependant, la MOEUA déplore la faible représentation des femmes membres de bureau de vote qui ne constituaient que 33% du personnel électoral dans les bureaux observés.
Quant à la participation électorale qui était un des enjeux de ce scrutin, la MOEUA a constaté une mobilisation inégale de l’électorat. La MOEUA a toutefois, noté la forte participation de l’électorat au moment de l’ouverture des bureaux de vote visités sur l’ensemble du territoire.
S’agissant de la vérification de l’identité des électeurs par voie électronique, la MOEUA a constaté que les électeurs ont été effectivement authentifiés par voie électronique dans 94% des bureaux de vote lorsque les tablettes biométriques étaient opérationnelles. L’authentification électronique des électeurs n’a pas été observée dans 6% des cas à cause du non fonctionnement de la tablette, du défaut de la reconnaissance des empreintes des électeurs et de la non maitrise de l’utilisation de la tablette par le personnel électoral. Cette imperfection a contribué à la lenteur des opérations de vote. Ceci démontre d’une part, une défaillance dans la logistique électronique, et d’autre part la nécessité d’approfondir la formation des agents des bureaux de vote.
La présence des représentants des candidats et des observateurs est gage de transparence. La MOEUA a observé que tous les candidats n’ont pas déployés de représentants dans la majorité des bureaux de vote visités en dehors du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) qui était le seul représenté dans tous les bureaux visités. Le Front Populaire Ivoirien (FPI) quant à lui avait des représentants dans tous les bureaux de vote de certaines régions. Les autres candidats ont eu une représentation marginale dans les bureaux de vote.
Bien que la MOEUA ait malheureusement noté la faible présence des observateurs citoyens dans les bureaux de vote visités, elle tient à saluer la mise sur pied de deux Plateformes des organisations de la société civile ; l’une pour des Élections Apaisées, crédibles et Équitables en Côte d’Ivoire (PEACE-CI) et l’autre pour l’Observation des Elections en Côte d’Ivoire (POECI). La MOEUA salue le rôle précurseur de la POECI, qui, dans le cadre de cette élection a entrepris un Comptage Parallèle Rapide des Votes, une grande première en matière d’observation et de suivi des élections en Côte d’Ivoire. La MOEUA salue également la CEI pour avoir consenti à la réalisation de cette entreprise qui sort du cadre de l’observation traditionnelle. L’entente entre la POECI et la CEI a permis à la société civile ivoirienne d’insuffler une nouvelle dynamique en matière de participation citoyenne en Côte d’Ivoire.
En conclusion, la MOEUA se félicite du climat général de paix dans lequel cette échéance électorale s’est déroulée en dépit des clivages au sein de la classe politique. Elle salue la retenue de tous les acteurs politiques. Malgré les dysfonctionnements d’ordre technique et organisationnel, le peuple ivoirien a, jusqu’à l’achèvement des opérations de dépouillement des votes, remporté le pari de la tenue d’une élection apaisée et transparente.
La MOEUA en appelle au sens de la retenue dont ont fait montre les candidats, leurs supporters et sympathisants avant et pendant le scrutin. Elle les exhorte à sauvegarder le climat de paix ayant prévalu jusque-là, à respecter le verdict des urnes, et à recourir uniquement à la voie légale pour des contestations éventuelles le cas échéant.
La MOEUA encourage tous les acteurs politiques à poursuivre le dialogue pour la préservation de la paix et de la cohésion sociale et le renforcement de la démocratie.
Enfin, la mission de l’UA encourage le prochain Président élu et son gouvernement à poursuivre les efforts d’inclusion et d’apaisement afin de consolider le processus de réconciliation nationale.
Je vous remercie.