En 11 ans, dans la commune de Thiaroye-Sur-Mer, 374 jeunes ont péri dans les embarcations clandestines. C’est ce que révèlent des études sur l’immigration clandestine réalisées entre janvier 2016 et mars 2017, qui annoncent 4 300 jeunes morts dans la Méditerranée.
Et malheureusement, comme l’indique ce slogan, ils sont nombreux à n’avoir pas atteint les côtes européennes. En atteste le chiffre macabre de plus de 4 300 morts, entre janvier 2016 et mars 2017, a annoncé hier, lors d’un forum organisé par l’Association des journalistes en migration et sécurité (AJMS) sur le thème: « La migration face aux défis sécuritaires« . Son objectif est de lutter contre l’immigration clandestine des jeunes à travers la sensibilisation. Il a eu lieu à Pikine.
Au Sénégal, beaucoup d’embarcations ont quitté les côtes avec à bord, des milliers de Sénégalais et surtout de nombreuses victimes. Et c’est la commune de Thiaroye Sur Mer, dans le département de Pikine, qui paie le plus lourd tribut, avec 374 victimes, depuis le départ des premières embarcations, c’est-à-dire en 2006. Ces chiffres ont été livrés par Mame Bara Ndoye, le secrétaire général des émigrés rapatriés de Thiaroye-Sur-Mer.
Qui renseigne que l’émigration clandestine a provoqué, dans cette contrée de la banlieue dakaroise, désolation, découragement, des larmes et un sentiment de résignation. « Toutes ces victimes n’avaient qu’une seule chose en tête: réussir et aider leurs proches. Ce phénomène a laissé trop de séquelles dans notre localité, c’est à cause de cela que nous avons mis sur pied une association pour lutter contre les embarcations clandestines, mais aussi, pousser les jeunes à rester dans le pays« , renseigne M. Ndoye.
Ayant pris part à cette rencontre, le sociologue Moustapha Wone a tenté d’expliquer les raisons qui poussent les jeunes à s’embarquer dans les pirogues à la recherche de lendemains meilleurs. Les candidats à l’émigration clandestine, dit-il, préfèrent de loin une mort biologique à celle sociale. Il explique que ces jeunes se disent qu’ils ont soit 50% de probabilités de mourir durant le trajet ou 50% de chances de réussir. « Dans l’impossibilité de trouver un emploi décent dans leurs pays d’origine ou une insertion dans le milieu professionnel, ils préfèrent aller à l’aventure. Pour eux, l’émigration clandestine est une question de vie ou de mort. Et l’occasion, selon les candidats, de prendre les pirogues, constitue pour eux un excellent moyen de travailler et de réussir« , analyse Pr Sow.
Ainsi, l’AJMS veut trouver des solutions, voire des alternatives à l’émigration clandestine. Son président, Daouda Gbaya explique que le choix de la banlieue pour l’accueil du forum, n’est pas fortuit, car l’écrasante majorité des victimes proviennent de cette partie de la région de Dakar. D’où l’intérêt d’inciter les autorités à une meilleure prise en charge de cette question.
Enquête