Chronique du journaliste Bader – Dialogue contre monologue : Nos politiciens vers la tour de Babel

BADERManque-t-il de canaux appropriés pour inviter ses opposants au dialogue ou les ignore-t-il ? En tout cas, l’appel que le Président Macky Sall a lancé dans ce sens à l’occasion de condoléances qu’il était allé présenter à la dame Oumou Salamata Tall, par ailleurs membre du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais, fait couler depuis encre et salive. Il pourrait avoir lieu cette semaine. Mais, prendra-t-il forme jusqu’à se concrétiser ? Car, déjà, il démarre dans la cacophonie au sein même du cercle des appelés. Car si d’aucuns, comme le dernier Premier ministre de Me Wade, Me Souleymane Ndéné Ndiaye, y iront tête baissée, ce ne sera pas le cas du Pds basculé dans l’opposition. Il ne manquera pas de poser ses conditions et de mettre des gants de velours, s’il se présente à la table ; puisque son candidat à la prochaine présidentielle, Karim Wade, embastillé, doit encore purger trois ans.

Ce qui pourrait l’empêcher de battre campagne, s’il n’est pas gracié. De même, d’autres responsables de cette formation politique vivent des restrictions du fait de soupçons d’enrichissement illicite. Il y en a, encore, qui, comme l’ex-présidente du Conseil départemental de Bambey, Mme Aïda Mbodj, se sentent politiquement combattus par le pouvoir. Il s’y ajoute que le parti de l’ancien président enrage toujours de ne pas pouvoir disposer du siège de la présidence de son groupe parlementaire, qu’il veut pour la même Aïda Mbodj, mais que continue d’occuper Modou Diagne, son ex militant « excommunié ». Un chapelet de récriminations que le président Macky Sall aura du mal à égrener ; surtout que le temps lui est compté et que des compromissions pourraient lui coûter.

L’actuel locataire du palais de la République aura aussi du mal à aller dans le sens du « Conseil suprême de la République », que veut l’autre poids lourd de l’opposition : Idrissa Seck, contre lequel des partisans du chef de l’Etat ont commencé à balancer des « pierres ». Pis, d’aucuns parmi eux veulent même qu’il ne soit pas associé au dialogue ! Un pestiféré ? Un climat déjà délétère qui annonce plus de tempête entre Macky et Idy, qui rappellent les deux cornes de la tête du taureau. On peut aussi parier que Mamadou Diop Decroix, leader de l’autre And Jëf, ne facilitera pas à Macky son désir annoncé, puisqu’étant devenu le trait d’union des adversaires de celui-ci. Son leadership dans l’opposition est au prix d’animer le refus. Ce qui pourrait être également le cas d’Abdoulaye Baldé, la tête de fil de l’Union des centristes. Ce maire de Ziguinchor cuve toujours mal d’avoir été interdit d’accès en Gambie, où il voulait se rendre pour rencontrer un ministre de cet Etat, esseulé depuis que les transporteurs sénégalais ont boycotté la traversée de son territoire. Ses différents dirigeants mis de côté, que restera-t-il de significatif dans l’opposition ? C’est donc dire que si dialogue aura lieu, ce sera sur la tour de Babel. Il ne pourra ainsi que finir en dents de scie ; ceci d’autant plus que le Président Macky ne lance son appel qu’à moins de trois ans de la fin de son mandat.

Alioune Badara DIALLO