Malgré de faibles moyens, l’engouement pour le rugby en Afrique continue de croître, et particulièrement auprès des jeunes filles.
Depuis la mise en place du projet Get Into Rugby (GIR) depuis un peu plus de 2 ans au Sénégal, la participation des adolescentes a augmenté considérablement.
D’après Guédel Ndiaye, le président de la Fédération sénégalaise de rugby (FSR), cette initiative « a permis de séduire les parents ce qui en retour a favorisé le recrutement des jeunes filles ».
L’opportunité de pratiquer des activités
Le projet GIR, qui visait initialement à introduire le sport dans les écoles, a su attirer des adolescentes qui assez souvent avaient très peu d´opportunités de pratiquer des activités en dehors de l´école et des travaux ménagers ou champêtres.
« On visait les quartiers populaires, villages et petites bourgades où les filles n’ont pas beaucoup de vie sociale. Après l’école elles rentrent chez elles, elles s’occupent de leurs petits frères et sœurs et du ménage alors que nous on leur offre un entraînement le mercredi, le samedi avec chaque fois un goûter, et elles sont toutes ensemble en dehors de l’école et en dehors de la maison », indique Guédel Ndiaye.
Mixité sociale
De manière générale, le rugby est devenu populaire grâce à des centres tels que la Maison du Rugby de Yoff, une banlieue populaire de Dakar, qui depuis sa création est devenu une sorte de maison des jeunes favorisant la mixité sociale.
Tous les enfants du quartier, filles comme garçons, peuvent recevoir un soutien scolaire, des cours d’alphabétisation, d’informatique, d’anglais, d’arts plastiques ou des notions de premiers secours.
Au-delà du sport, cette institution joue un rôle fédérateur car des jeunes de tous bords, « de la bourgeoisie sénégalaise aux professions libérales » y côtoient des enfants « moins riches ».
Cet intérêt des jeunes de 15 à 18 ans s´est concrétisé, selon la FSR, « par la multiplication des équipes U18, sanctionné par des tournois pour cette tranche d’âge qui tourne autour d´une douzaine d´équipes environ 340 adolescentes ».
Chez les femmes, quelque 160 seniors issues du GIR continuent de jouer dans les régions.
Le rugby scolaire a également connu un énorme succès avec quelque 1 300 filles scolarisées âgées de 6 à 14 ans, soit entre 50 et 70 % des effectifs.
Guédel Ndiaye, président de la Fédération sénégalaise de rugby (FSR)
« On leur offre un entraînement le mercredi, le samedi avec chaque fois un goûter, et elles sont toutes ensemble en dehors de l’école et en dehors de la maison »
Inspirer les plus jeunes
Ce sport de « combat collectif », le seul en dehors du football américain, crée selon Guédel Ndiaye une « solidarité extraordinaire » entre joueuses de toutes les communautés et de toutes les classes sociales.
Les membres de l’équipe féminine nationale se déplacent régulièrement dans les écoles pour partager leur expérience, promouvoir le sport et inspirer les plus jeunes.
Le rugby international a commencé en 2005 au Sénégal et même s’il reste encore quelques paliers à franchir pour rejoindre les meilleures équipes continentales, les Lionnes sont aujourd’hui la 6e équipe africaine de rugby à 7.
De quoi imprégner la culture rugby dans les mentalités et de montrer que le rugby est un sport pour tous et toutes.
Marie Louise Seynabou est professeur d’éducation physique et coordinatrice de la commission féminine de rugby à Dakar, la capitale sénégalaise.
Elle nous parle de ce qui l’a séduite dans ce sport qu’elle juge noble, du regard « moqueur » des hommes sur les femmes qui pratiquent le rugby et enfin, elle encourage les femmes du monde entier à découvrir un sport qui incite à la complicité, la fraternité, la sociabilité et la loyauté.