Enquête : Puberté précoce des jeunes filles au Mali : Ces adolescentes qui vous tourmentent

 156916_310789959034879_751287800_nElles ont entre 12 et 14 ans. Et pourtant, elles sont déjà femmes ! Le phénomène, désormais très fréquent, est en passe de bouleverser nos sociétés. Raisons et conséquences… Enquête ! Le constat est édifiant : à peine 12 ans, elles développent tous les caractères secondaires femelles : seins bien fermes, bassin large, silhouette de femme mature…

Des enseignants du cycle primaire que nous avions rencontrés  se disent très perturbés par le phénomène. Au moins 03 à 04 élèves sur 10 en classe de 5ème année de l’école fondamentale (pour un âge approximatif de 12 ans) sont concernées.

Quelles peuvent bien être les raisons de cette métamorphose ? Nous avions interrogé le Docteur Djedi Kaba Diakité, promoteur de la Clinique Kabala et Obstétricien de son Etat.

Des fillettes piégées dans un corps de femme

« La puberté précoce chez les jeunes filles est aujourd’hui une réalité indéniable. Et le phénomène n’est pas propre seulement au Mali.  Partout dans le monde, on assiste à une précocité chez les jeunes filles. Les garçons aussi sont concernés même si le taux reste plus élevé chez les filles.
On connait mal l’origine du phénomène, mais les résultats d’études convergent de plus en plus  vers certains points, à savoir, la pollution, l’usage de produits chimiques spécifiques comme le phtalate ou les phénols qu’on retrouve dans certains articles plastiques et dans l’alimentation. On les appelle les Perturbateurs endocriniens puisque de nature à influencer négativement l’action de l’hormone féminine en particulier…, (lire encadré 1  « les substances chimiques coupables).

Mais cette précocité n’est pas généralement suivie de la maturité psychologique. En clair, ces filles restent piégées dans un corps de femme».

Voilà donc l’avis du médecin. D’autres ont cependant un regard différent sur ces phénomènes de foire.

Coquettes, coquines  et sexuellement actives

Ces mineures qui rien ne trahit, restent peut-être immatures. Mais nombre d’entre elles profitent allègrement de la situation. Conscientes de leur corps de femme et du désir qu’elles éveillent chez les mâles, elles ne manquent pas de subterfuges pour entretenir cette flamme et faire le maximum de conquêtes autour d’elles. Elles sont désormais très sollicitées dans les discothèques, les rues et, hélas, dans les maisons-closes de la capitale.

De vieux pervers pour le moins fortunés ne jurent que par elles. Ils ne lésinent pas sur les moyens. Et la pauvreté ambiante étant, le risque d’être fille-mère s’avère dès lors très élevé dans leurs rangs.
Dans les différentes maternités de la place, ce sont des mères qui cèdent désormais la table d’accouchement à leurs filles venues elles-aussi procréer.  Les parents ne cachent plus leurs inquiétudes. C’est avec une profonde appréhension qu’elles observent discrètement leurs fillettes.   La situation à l’origine de l’ire des gardiens du temple.

« Ramener l’âge du mariage  à 14 ans » : un remède palliatif selon les religieux

La situation  ne laisse pas indifférente la Umah (communauté musulmane) malienne.  Raison pour laquelle, le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) dirigé par l’Imam Mahamoud Dicko  a levé le ton suite à l’adoption du code des personnes et de la famille qui fixait l’âge de mariage de la jeune fille entre 16 et 18 ans. « C’est le moyen le plus sûr d’encourager la perversion et le phénomène des filles-mères. Nous ne saurions le cautionner», a souligné l’Imam dans une récente interview qu’il nous a accordée.

Face au tollé soulevé, le président de la République dut s’abstenir de promulguer  ladite loi qui contenait en outre, bien d’autres aspects litigieux y compris celui relatif à l’âge de mariage de la jeune fille.  Le projet fut renvoyé à une seconde lecture censée tenir compte des susceptibilités et préoccupations de la communauté religieuse.

Au regard des statistiques dans le monde, l’on ne saurait blâmer, les religieux maliens. Et pour cause, l’âge moyen du mariage dans le monde oscille entre 12 et 14 ans pour la jeune fille et 16 et 18 pour le garçon.

Le phénomène suscite beaucoup d’interrogations et interpelle surtout le législateur. Et pour cause : la « fille mineure » n’est désormais plus ce qu’elle était jadis. Mais les dispositions pénales restent ce qu’elles sont.  Moins prosaïquement. Croyez-le : ces mineures et leurs partenaires n’ont désormais que faire  ce garde-fou: «Interdit au moins de 18 ans».

Une épidémie en pleine expansion

Le Docteur Djedi Kaba Diakité n’a pas tort lorsqu’il évoque le caractère mondial du phénomène. Des enquêtes menées à travers le monde corroborent en effet ses propos

Pour les scientifiques de la Mount Sinaï School of Medicine de New York, auteurs de l’étude sur 1151 filles âgées de 6 à 8 ans, suivies pendant plus de 2 ans, il existe des liens entre l’exposition quotidienne des jeunes filles au cours de la période à trois types de substances chimiques (phtalates, phénols et phyto-oestrogènes) des jeunes filles et la survenue plus ou moins précoce de la puberté. Ces substances, non contentes de favoriser la puberté précoce, augmenteraient également les risques accrus de cancer du sein ou de diabète.

Selon la même étude, « l’âge de la puberté a avancé d’un an et demi en moyenne au cours de la dernière génération, passant de 10 ans et 3 mois en moyenne à environ 9 ans ».
Il ressort du constat des chercheurs, que les cas de « précocité pubère touchent plus les populations pauvres, plus touchées par l’obésité » et que  le sucre a une influence confirmée sur les hormones sexuelles ».

En France, le Professeur Charles Sultan, chef de service en endocrinologie pédiatrie au CHU de Montpellier, souligne qu’il existe même, dans certaines régions, des «épidémies» de puberté, qui débute vers les âges de 8 à 9 ans.

D’autres recherches se montrent plus précises : « Trente ans durant, le docteur Biro (France) a suivi 1239 petites filles réparties dans trois états. 15 % des petites filles aux Etats-Unis, soit une sur sept, atteint la puberté dès 7 ans avec le développement des seins. Puis 20 % d’entre elles ont des poils pubiens pour leurs 8 ans et avant 10 ans, leurs règles. Des chiffres en constante augmentation en trente ans. En Europe, la puberté des jeunes filles avance aussi. En 2009, une étude danoise démontre que le développement mammaire des fillettes entre deux échantillons de population de 1991 et de 2006 intervient avec un peu plus d’un an d’avance ».
B.S. Diarra

Source: La Sentinelle