Ce n’est plus un secret dans le Djolof et ses environs. Les populations vivent un véritable calvaire lié au manque d’eau considérable dans leur zone. Des cris de cœurs sont lancés partout à travers le pays et au niveau de la diaspora pour exiger à l’État du Sénégal de prendre ses responsabilités pour la revitalisation des vallées fossiles. Un projet très sensible qu’il faudrait prendre avec sérieux dans la zone nord du pays.
Vers les années 2000, la revitalisation des “vallées fossiles” du Sénégal a failli occasionner un incident diplomatique entre le Sénégal et la Mauritanie, deux pays frontaliers qui partagent le fleuve Sénégal. Le président sénégalais de l’époque, Me Abdoulaye Wade, avait annoncé un vaste programme d’irrigation des terres à partir du fleuve Sénégal, qui est, par ailleurs, la frontière naturelle avec la Mauritanie. Cette décision de l’État du Sénégal avait alors occasionné la colère de la partie mauritanienne. Cette dernière avait menacé d’expulser une centaine de Sénégalais de son territoire. Me Abdoulaye Wade s’était alors déplacé pour aller s’enquérir de la situation et arrondir les angles avec la partie mauritanienne. Plus de vingt ans après, la partie sénégalaise concernée par les “Vallées fossiles” tape encore sur la table pour exiger du gouvernement sénégalais la prise d’une décision sur ce cas important pour l’avenir des centaines de villages. Ce n’est plus un secret de polichinelle ; la population du Djolof souffre considérablement à cause du manque d’eau dans cette partie du pays. Pour avoir accès au liquide précieux, les gens sont obligés de tirer le diable par la queue, alors qu’une politique bien maitrisée sur les eaux du fleuve Sénégal aurait pu régler définitivement l’affaire.
L’ouverture d’une brèche, comme Abdou Diouf l’avait fait au milieu des années 90, pourrait aider les populations à avoir accès à l’eau, à l’irrigation des terres, qui aboutirait sur le développement d’activités régénératrices de revenus telles la pêche, l’agriculture, l’artisanat et l’élevage. Ce manque d’activités pousse les population à migrer vers la capitale sénégalaise, Dakar, à la recherche des lendemains meilleurs. Quand le liquide précieux fait défaut, les population en pâtissent. C’est malheureusement le triste décor qui se reflète dans la zone du Ferlo à l’heure actuelle.
“On se rappelle en 1957, année durant laquelle le fleuve Sénégal s’est échappé pour la première fois, toute la population en avait bénéficié. Il était passé par Négué, Ndiayène Kher, Mbéyène, Kilif, Mboula, Mboynane, Kalossi, Guilé, Ndiakhata, Ngouye Diéry,Yang Yang, Ndiané, Doundodji, Mbacké Kadior, Dahra, Linguère, Mbeulekhé et par une centaine de petits villages peulhs. Toute la population avait pu tirer profit des eaux du fleuve Sénégal”, rappelle Maguette Ndiaye, un fils du Djolof établi en Arabie Saoudite. Ce dernier, mène depuis un moment ce combat, à travers des “lives” sur Facebook, WhatsApp et les différents réseaux sociaux pour inviter les population à s’imprégner davantage sur les conséquences néfastes de cette sécheresse, occasionnée principalement par la fermeture de cette brèche. Maguette Ndiaye compte mener ce combat jusqu’au bout et interpelle les autorités sénégalaises à prendre cette exigence très au sérieux. Pour y parvenir, une association pour la revitalisation des « Vallées fossiles du Sénégal » est en train d’être mise sur pied par les habitants des zones concernées. Les hommes politiques de cette région, tels l’ancien ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, l’ancien ministre Habib Sy, les députés sont tous interpellés pour qu’ils puissent (enfin) jouer leur rôle de soutien auprès des autorités étatiques. Le Ferlo a toujours souffert de ce manque d’eau crucial. Il est grand temps que cela cesse. Quitte à ce que l’État du Sénégal trouve des voies et moyens pour discuter avec les autorités mauritaniennes de cette question sensible qui prive des centaines de milliers de personnes de leur épanouissement et d’une vie quotidienne meilleure.
“Nous demandons solennellement à son Excellence Monsieur Macky Sall, Président de la République du Sénégal, de bien vouloir écouter ses populations et de prendre au sérieux leur préoccupation, afin de les aider à réaliser un tel projet très fructueux pour leur avenir. Ce serait un acte héroïque et symbolique qui restera dans la postérité. Nous lui serons toujours reconnaissants s’il parvenait à poser de tels actes pour le bonheur de la population du Djolof”, dixit Maguette Ndiaye.
L’eau est une source de vie et Dieu nous a donné la chance d’avoir un tel fleuve. Pourquoi nous ne devrions-nous pas l’exploiter pour le bien commun de tous ? Au moment où la zone de Ndar souffre à cause des crues du fleuve, une ouverture nouvelle vers la zone environnante telle le Djolof pourrait apporter une solution et soulager des individus en manque criard de ce liquide précieux. L’eau est source de vie et la population du Djolof ne dira pas le contraire. Elle qui se contente uniquement des trois mois de la saison des pluies pour profiter de la verdure de ses terres et de ses cultures. Cette population mérite plus de la part de l’Etat du Sénégal.
Par Papa Waly Ndao, depuis Louisville Kentucky (Etats-Unis)