« Dans la vie des Nations et des peuples, il y a des instants qui semblent déterminés une part décisive de leur destin ou qui, en tout cas, s’inscrivent au registre de l’Histoire en lettres capitales autour desquelles les légendes s’édifient, marquant de manière particulière au graphique de la difficile évolution humaine les points culminants, les sommets qui expriment autant de victoire de l’homme sur lui-même et autant de conquêtes de la société dans le milieu naturel qui l’entoure. » Voilà les mots qu’entonnaient le Président Sékou TOURE, le 25 août 1958, à l’assemblée territoriale, d’alors, de Conakry face au Général DE GAULLE lors de sa tournée africaine pour le « oui à la communauté franco-africaine » instituée, alors, par le projet de Constitution de 1958.
Cette réflexion prise a contrario montre qu’il y a aussi des moments, dans la vie des Etats, qui déterminent une part incontestable de son destin par la platitude de ses dirigeants, leur incompréhension du mouvement de l’histoire et leur mimétisme face aux exigences du moment qui doivent guider les pas des peuples.
La soldatesque stipendiée du Président Macky SALL a jeté encore l’opprobre sur le peuple sénégalais, sur l’Etat de droit, l’indépendance et la souveraineté du pays.
Le mercredi 27 janvier 2016, un prestidigitateur a voulu tromper (et l’a réellement essayé) les sénégalais, en se livrant à la diversion et aux manœuvres dilatoires eu égard aux vrais soucis des sénégalais sur lesquels nous attendons des résultats depuis maintenant un quinquennat.
Il dit, selon la voie autorisée de son ministre de tutelle, ministre de la jeunesse actuel, qu’il est allé porter plainte en France contre un opposant sénégalais, le président du parti REWMI, pour les biens mal acquis. C’est une démarche que nous jugeons grave et doit valoir des peines de haute trahison : Il s’agit souvent d’une infraction politique, concernant les détenteurs d’une autorité politique dans l’exercice de leurs fonctions. Ce dont le ministre de la jeunesse et son chef de cabinet sont coupable.
Elle emporte des conséquences catastrophiquement réactionnaires pour le régime en place :
Cette démarche montre la conception de l’égalité du régime de Macky SALL qui est transformé en « principe d’inégalité » ente les citoyens sénégalais et affiche un profond mépris à l’égard de notre justice pourtant professionnelle, experte et indépendante. Je rappelle que notre justice est chargée de juger aujourd’hui un ancien président à moins qu’on ne nous démontre que c’est pour des raisons nébuleusement financières et non de justice que Macky SALL institue ce tribunal proposé par la Belgique et le Tchad. Ce qui n’est pas encore le cas. Cette même justice, le cas échéant, peut juger un justiciable sénégalais au Sénégal quelque soit son rang.
Elle étale l’inégalité de traitement des sénégalais en érigeant des privilèges de juridictions car tous les citoyens sénégalais qui, après accusation d’enrichissement illicite, ont été poursuivis, sont traduits devant la fameuse CREI ; nous ne comprenons pas pourquoi Idrissa SECK en ferait exception.
Elle constitue un mauvais signal pour les sénégalais qui ont du mal à croire en leur justice et une défaillance sinon échec du Président Macky SALL qui, pourtant, a juré, lors de son serment de prise de fonction présidentielle, de défendre bec ongle la justice en promouvant son impartialité, son indépendance et sa puissance ; et cette action faite par ces partisans avec son aval implicite ou expresse est un désaveu par lui de sa propre justice. Il a manqué à son serment.
Cette approche fonde est une remise en cause de l’autorité de la chose jugée. Si le protocole de Rebeus existe tel qu’on nous le fait savoir, il constitue une convention entre deux personnes dans le cadre de leur prérogative publique et dans ce cas elle peut être attaquée devant le tribunal administratif ; ou bien une convention entre deux personnes privées et devant l’ordre judiciaire.
Il nous semble que l’affaire était déjà jugée par les juridictions sénégalaises qui ont blanchi l’inculpé, Idrissa SECK de toute accusation et ainsi l’autorité de la chose jugée qui s’y attache est de rigueur. L’autorité de la chose jugée est conçue comme une présomption légale et irréfragable de vérité attachée au jugement. Et s’il y a des éléments nouveaux qui vaillent rouvrir le procès, nous répondrons que par le parallélisme des formes, il faut reporter l’affaire devant les juges sénégalais qui ont connu la première affaire sous le magistère de WADE. Et s’il n’y a pas de nouveaux éléments, là c’est une véritable insulte à la justice sénégalaise et le Procureur de la République doit intenter une action contre ces auteurs pour avoir piétiner l’image de la justice sénégalaise.
Et à défaut, le président de la République doit se désolidariser de ces auteurs et des sanctions politiques à défaut de celles judiciaires, doivent sévir.
Cet illusionniste, à travers son tour de main, laisse transparaitre une méconnaissance de l’Etat. La justice française depuis 1960 n’est plus une justice de cassation par rapport à la « colonie sénégalaise ». A ce que je sache, à la tête de l’organigramme juridictionnel sénégalais se trouve la Cour suprême qui tranche les litiges, forge la jurisprudence sénégalaise en dernier ; tâche à laquelle elle s’attèle relativement bien.
Cette démarche politico politicienne de Macky SALL et bande de porter une compétence qui relève exclusivement de notre souveraineté, représente une cynique trahison de la souveraineté sénégalaise qui fait l’Etat.
Je rappelle que l’Etat n’est pas seulement un territoire dans lequel vit une population et sur laquelle s’exerce une autorité politique. Encore faut-il que cette autorité soit indépendante, souveraine sous peine d’être un Etat failli, déliquescent. Cette souveraineté se voit au travers les fonction de la justice, de la monnaie, de la police, de la diplomatie…, bref les fonctions régaliennes de l’Etat. Donc aucun Etat sérieux ne peut déléguer sa justice à un autre, encore moins à un ancien colonisateur.
En décidant de porter un problème sénégalo sénégalais devant les juridictions françaises, nos dirigeants ont trahi nos institutions, ont piétiné notre fierté, ont mis à bas notre indépendance et toute notre histoire de haute lutte pour notre droit à l’autodétermination.
Mais j’ai envie de dire que c’est compréhensible pour un Président qui, pour répondre aux questions relatives au patriotisme, propose la levée des couleurs un lundi du mois, au moment où le combat patriotique est porté dans le monde entier dans les domaines économique, politique, social, culturel, environnemental ; bref, dans tous les domaines qui montrent la vitalité d’un peuple.
Je dis que le travail d’un homme d’Etat n’est pas le changement des étiquettes mais la marchandise elle-même qui est la pauvreté, le climat délétère, le manque de sécurité au Sénégal, la concussion, le copinage, la corruption et j’en passe.
Nous exigeons des vraies réformes et non des réformettes qui consistent à changer de noms tel que par exemple substituer « la communauté rurale » à « la commune » tout en se targuant le mérite de grande réforme en la nommant pompeusement « acte 3 de la décentralisation ». Le complexe du villageois n’est pas dans son origine comme le prétend le ministre de la jeunesse lors de l’émission Faram Faacee du mercredi 27 janvier 2016 mais dans l’indigence, dans la paupérisation, dans la différenciation politique que vous menez. A la place du changement des étiquettes, les sénégalais attendent que vous luttez contre cette injustice par des mesures fortes en les dotant de moyens aussi bien politico institutionnels que de sources de financement des projets.
On ne peut pas changer un pays par des mesures dilatoires, superfétatoires. Les sénégalais attendent des décisions sur les institutions, le respect de la parole donnée, le respect du calendrier électoral, l’éradication de la corruption, la liberté de la presse, la liberté de l’opposition, mieux, l’institutionnalisation de l’opposition, la démocratie, un vrai système où règne l’Etat de droit et des institutions fortes pour le présent et la postérité.
C’est vous candidat et réitéré après être élu, qui avez promis que votre mandat sera réduit à un quinquennat et jusqu’à présent il n’en est rien en dépit de vos démarches frustratoires qui cherche à gagner du temps et ne pas respecter la date des élections en 2017.
Les sénégalais attendent plus sur ces points là que sur le dénigrement de sa justice et leur division.
Si nous voulons donner un contenu historique à ce que nous disons ou faisons, chérissons la vérité, défendons la vérité et c’est seule le Sénégal qui gagne.
Cheikh DRAME alias Cheikh NIORO
Membre de rewmi France
Cheikh.drame0@gmail.com