Seule l’Europe du Sud a échappé à la coalition Benno Bokk Yakaar dans la diaspora. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, la tête de liste de la coalition gagnante Wattu Senegaal qui a remporté le scrutin nous explique comment et pourquoi ils ont pris le dessus sur la coalition au pouvoir, qui avait beaucoup plus de moyens. Nango Seck, coordonnateur de Bokk Gis-Gis et du front patriotique de l’opposition en Italie, a décliné aussi ses priorités pour la 13ème législature, en annonçant d’emblée que les députés de la diaspora qu’ils sont ne seront pas à l’Assemblée pour applaudir, mais pour y apporter des innovations.
Les sentiments sont d’abord des sentiments de joie et de satisfaction. Car ce n’était pas évident de gagner contre le pouvoir, avec tous les moyens qu’ils ont à leur disposition. Mais, par la grâce de Dieu, nous avons réussi à les plaquer au sol, tant en Italie qui était en pole-position en Europe du Sud. Cette victoire est celle de toute une coalition, un grand parti comme le Pds, secondé par Bokk Gis-Gis, ça ne pouvait pas se passer autrement. L’Italie est un fief incontesté des libéraux et le demeure, si l’on se réfère à ce qui s’est passé dimanche dernier. C’est pourquoi, c’est une grande satisfaction pour tous les libéraux de gagner en Europe, même si en Espagne nous avons perdu, avec une différence de 400 voix, comme au Portugal où nous avons perdu, parce qu’il n’y avait pratiquement pas d’électeurs au Portugal. Il y avait moins de 200 inscrits.
Vous l’avez dit tantôt, ce n’était pas évident de gagner devant le régime. Quels ont été les clefs de votre succès ?
Nous avons réussi un bon coup, en mobilisant aussi bien nos militants que les militants de l’opposition, face à ce régime qui a dépensé des milliers et des milliers d’euros pour acheter la conscience des Sénégalais. Mais ça n’a pas passé. Nous avons beaucoup misé sur le vote utile. Depuis la publication des investitures, nous avons interpellé tous les candidats des autres coalitions de l’opposition, pour attirer leur attention sur l’initiative du régime, qui était de nous divertir avec les listes fantaisistes. On a centré notre communication sur cet aspect. On a invité tout le monde à voter utile, en choisissant les meilleurs profils. Et je crois que cela nous a beaucoup aidés à réussir ce grand coup au niveau de l’Italie.
En quoi vos profils ont pu accrocher les compatriotes vivant en Italie ?
Les profils ont joué un grand rôle dans la victoire. Qui connait les investis de Wattu Senegaal sait que ce sont des gens qui se sont toujours investis politiquement et socialement pour la communauté. Il y a Nango Seck, expert de profession, responsable de Bokk Gis-Gis en Italie et coordonnateur du front patriotique de l’opposition en Italie. Il y a Mame Diarra Fame, une dame de fer et enfin Mor Kane, coordonnateur du Pds en Espagne. Depuis que nous vivons ici, nous avons eu de très bonnes relations avec tout le monde, dans les dahiras, les associations, les partis politiques. C’était évident que nos profils allaient jouer un rôle important dans les choix des électeurs.
Mais en face, il y avait aussi des adversaires de taille, des gens aussi connus dans les milieux religieux et associatifs, en Italie par exemple…
Si, c’est vrai, l’adversaire était de taille. Parce que qui connaît Macky Sall, sait qu’il ne lésine pas avec les moyens. Ils ont eu des moyens financiers et logistiques. Ils ont tout fait pour gagner l’Italie, parce que c’était un défi pour eux. Mais Macky Sall n’a jamais gagné l’Italie et il ne le gagnera jamais. Jusqu’à la fin de son magistère, il ne gagnera pas l’Italie. Ça, c’est sûr.
Ce qui nous a facilité la tâche, on avait en face des gens moins expérimentés. Des gens qui dépendaient beaucoup de l’Etat et du consulat, avec toutes ses tracasseries. Ils n’avaient pas le profil, parce que tous les deux candidats en Italie habitaient la même région, la même zone, le même département. Ça a dû créer des frustrations au sein même de Bby. Leur manque d’expérience sur le terrain politique a aussi joué. Leur profil était plus politique que social. Et le social a pris le dessus. Parce qu’en Italie, nous avons les dahiras, les associations et autres. Ce n’est pas par exemple comme en France et autre.
Maintenant que vous êtes élu député de la diaspora, quelle sera votre mission et vos priorités à l’Assemblée nationale ?
Notre priorité à l’Assemblée sera de travailler à la résolution des problèmes des Sénégalais de l’extérieur. Il y a beaucoup de problèmes au niveau de la diaspora. Il y en a trop même. Parmi ces problèmes, il y a des urgences. Il faudra les régler et ensuite s’attaquer à des projets pour l’épanouissement social des Sénégalais de l’extérieur, dans leurs pays d’accueil comme au Sénégal. Une des priorités, c’est la question du retour et de la réinsertion. C’est très important. Tout le monde sait qu’après 30 ou 40 ans d’émigration, chacun voudrait retourner chez lui, dans les meilleures conditions, pour poursuivre sa vie après la retraite. Il y a aussi la libéralisation de l’entrée des voitures. Si une voiture remplit toutes les exigences de la visite technique, qu’on le laisse entrer au pays. On voit dans les zones reculées que ce sont des charrettes qui assurent le transport et qui servent même d’ambulance pour transporter des malades. Si on interdit des voitures de 10 ans dans ces zones, cela n’a pas de sens. C’est même contre le développement. Comme dans les pays limitrophes, la Gambie, le Mali, il ne doit plus y avoir de limite d’âge pour les voitures qui remplissent les critères techniques.
Il y a aussi la question de la commission mixte Sénégal-Italie. Aujourd’hui, les gens vont à la retraite et ne savent pas à quel saint se vouer. Les gens doivent pouvoir partir tranquillement à la retraite et percevoir leurs pensions de retraite au Sénégal dans les meilleures conditions. La commission doit travailler sérieusement sur ces questions et avoir des conventions bien établies, à l’instar des pays comme le Maroc et la Tunisie. Ces gens-là, nous travaillons beaucoup plus qu’eux, ici en Europe et nous devons pouvoir avoir les mêmes conditions, à défaut d’avoir de meilleures.
A votre avis, quelle sera la particularité du député de la diaspora à l’Assemblée nationale ?
Les députés de la diaspora ne seront pas à l’Assemblée nationale pour applaudir, mais pour innover. Innover en apportant leur expérience et en ouvrant des pistes, pour permettra à l’Etat de mieux asseoir sa politique d’émigration. Cela est d’autant plus important que les millions d’émigrés sénégalais contribuent grandement à la paix sociale avec leurs envois.