La Commission européenne a annoncé aujourd’hui l’adoption de 20 nouvelles actions au bénéfice de la région du Sahel et du bassin du lac Tchad dans le cadre du Fonds Fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique.
Ces mesures représentent plus de 280 millions d’euros et répondent directement aux engagements du Plan d’action du Sommet de la Valette (11-12 novembre 2015. Elles visent à améliorer la gestion des flux migratoires, créer des opportunités économiques durables pour la jeunesse et répondre aux facteurs d’instabilité et de vulnérabilité des populations.
Ces actions sont le résultat d’une analyse approfondie des contextes locaux, des flux de migrations, de leurs causes profondes et des facteurs d’instabilité et de vulnérabilité dans la région. Elles visent spécifiquement les zones d’origine et de transit des migrants ainsi que les principales zones d’instabilité. Elles s’inscrivent dans le cadre d’une réponse globale de l’Union européenne et sont le fruit d’un dialogue politique renforcé avec ses partenaires sur le sujet de la migration.
Au Sénégal, les projets déjà financés par le Fonds fiduciaire s’élèvent à 48 milliards de FCFA. Ils visent à offrir des opportunités économiques et de formations professionnelles, en particulier pour les jeunes et à soutenir le développement des petites et moyennes entreprises. Par ailleurs, les interventions soutiennent l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que l’accès aux services de base. En se concentrant dans les zones de départ, ces actions contribueront à réduire la migration irrégulière.
Plus particulièrement, les deux nouveaux projets approuvés le 18 avril pour 39 milliards de FCFA visent à promouvoir le développement économique et accroître la résilience des populations.
Développer l’emploi au Sénégal : renforcement de la compétitivité des entreprises et de l’employabilité dans les zones de départ (26 milliards de FCFA) Ce programme vise la promotion de l’emploi et de l’insertion professionnelle des jeunes dans les zones de départ de migrants. Il propose une mise à niveau d’entreprises dans des secteurs à fort potentiel, tels que l’agro-alimentaire, l’horticulture ou la sous-traitance dans les zones minières, tout en professionnalisant la main d’œuvre employable sur ces filières. La mise à niveau des entreprises permettra de maintenir entre 20 000 et 25 000 emplois et de créer entre 2 000 et 5 000 emplois. Concernant le renforcement de la formation professionnelle, il est prévu de construire 3 structures de formation professionnelle, et de renforcer les capacités techniques des Maitres artisans (250) et d’au moins de 1250 apprentis.. Il contribuera en outre à renforcer l’employabilité des jeunes sans qualification dans le secteur artisanal.
Projet d’Appui à la réduction de la migration à travers la Création d’Emplois Ruraux au Sénégal, par la mise en place de fermes agricoles villageoises et familiales (fermes Natanguées) dans des régions à haut potentiel migratoire (13 milliards de FCFA) L’objectif général du programme vise à améliorer les conditions de vie dans les zones rurales pour réduire l’émigration illégale, lutter contre la pauvreté et soutenir la résilience des populations. Grâce à un accompagnement de conseil et financier, le projet soutiendra la multiplication de fermes qui utiliseront des techniques modernes et adaptées au milieu afin d’améliorer la productivité et d’assurer la pérennité des exploitations. Près de 20 000 emplois devraient être créés, en particulier pour les jeunes et des candidats au retour.
Trois projets avaient déjà été approuvés lors du premier Comité opérationnel de janvier 2016 et sont en phase de contractualisation:
Résilience des populations les plus vulnérables face aux crises nutritionnelles et alimentaires dans les zones de départ (5,2 milliards de FCFA). Ce projet vise à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et l’accès à l’eau et à l’assainissement au Nord-Est du Sénégal avec un accent mis sur les populations plus vulnérables. Cette action contribuera à réduire les départs et la migration irrégulière à partir de cette région défavorisée. L’intervention a comme bénéficiaires directs estimés une population de plus de 100.000 personnes.
Projet de renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région de Matam, qui est une zone de départ des migrants (721 millions de FCFA). Ce projet vise à renforcer l’accès, la disponibilité et la diversité des aliments en milieu rural dans la région de Matam tout en développant les connaissances et les bonnes pratiques nutritionnelles des populations et des acteurs de la zone. 3300 ménages et 30 initiatives villageoises seront soutenus.
Normalisation des conditions de vie des populations directement affectées par le conflit en Casamance (2,9 milliards de FCFA). Ce projet vise à assurer la couverture des besoins de base pour le retour des populations déplacées à travers des activités génératrices de revenus et l’amélioration de la production agricole. Il vise également à assurer un accès facile des populations à l’eau et à l’assainissement.
Avec l’adoption de 5 actions depuis le Sommet de la Valette, pour un montant total d’environ 74 millions d’euros, le Fonds fiduciaire, créé en un temps record pour mettre en œuvre les engagements de l’Union européenne au titre du Plan d’action de la Valette, confirme sa capacité de répondre de manière ciblée, rapide et spécifique aux défis du Sénégal, en complémentarité des autres actions de l’Union européenne.
Seydou Nourou Ba