Lors des XIIIes Rencontres Africa tenues à Lyon, Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et économiste reconnu, a lancé un appel fort aux entreprises françaises : « Reprenez confiance et investissez en Afrique ».
Zinsou et d’autres intervenants ont insisté sur l’importance de relancer les partenariats économiques francs et durables, au-delà de la logique d’aide au développement.
Selon lui, l’Afrique demeure un des continents les plus rentables, notamment en raison de ses besoins massifs, de sa jeunesse et de sa dynamique démographique.
Il déplore cependant une double illusion : celle de certains pays africains pensant que rompre avec la France est un levier de libération, et celle de la France qui se sent systématiquement rejetée du continent.
Ces perceptions sont fausses, dit-il, et empêchent de reconstruire une relation économique sereine.
Zinsou appelle donc à dépasser les tensions diplomatiques pour adopter une vision réaliste et économique.
Il distingue clairement les intérêts stratégiques de la France en Afrique, souvent concentrés hors de la sphère francophone traditionnelle : Égypte, Nigeria, Angola, Afrique du Sud.
Par exemple, l’Égypte est un partenaire majeur, avec un PIB proche de 400 milliards de dollars, contre seulement 20 milliards pour le Bénin.
Il rappelle également que les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) — Mali, Burkina Faso, Niger — réunis, pèsent moins économiquement que la seule Côte d’Ivoire.
Les relations politiques tendues ne doivent pas faire perdre de vue la réalité des marchés.
Zinsou insiste : les chiffres ne mentent pas. Le commerce France-Nigeria atteint jusqu’à 10 milliards d’euros par an, contre à peine 140 à 180 millions avec le Niger ou le Tchad.
Cela montre que les grands marchés africains ne sont pas toujours là où la France s’attend à les trouver.
Il appelle à un réalignement des priorités françaises vers des économies africaines robustes et diversifiées.
L’économie africaine offre des perspectives très concrètes à ceux qui savent dépasser les clichés.
Zinsou salue la mobilisation de la communauté économique francophone à Lyon, mais rappelle que la francophonie économique ne doit pas être un frein à la performance.
Au contraire, elle peut être un accélérateur à condition d’être structurée autour de projets solides.
Il rejette la vision défaitiste d’une France exclue d’Afrique : les opportunités existent, mais exigent du courage, de la constance et une meilleure connaissance des réalités locales.
Le message principal : le partenariat est plus efficace que l’assistanat.
Zinsou conclut en insistant sur l’urgence de sortir d’une lecture politique stérile pour entrer dans une logique économique d’investissements gagnant-gagnant.
Il invite les entrepreneurs à se tourner vers l’Afrique avec lucidité, mais aussi ambition.
En résumé, il faut changer de regard sur l’Afrique, déconstruire les mythes et bâtir des relations économiques équilibrées.
L’Afrique, selon Zinsou, n’est pas un pari risqué mais un levier de croissance stratégique.
Son intervention aux Rencontres Africa 2025 redonne du souffle à une relation Afrique-France à reconstruire sur des bases concrètes.
Elle rappelle aux entreprises françaises que le moment est venu de prendre part activement à l’émergence africaine.
L’Afrique n’attend pas, elle avance : à la France de faire le choix d’avancer avec elle.
