Mission du FMI au Sénégal : les assurances du Ministre Abdourahmane Sarr

Le séjour à Dakar de la mission du Fonds monétaire international (FMI), conduite par M. Mlachila Montfort, Directeur adjoint du Département Afrique, marque un nouveau tournant dans les discussions économiques entre le Sénégal et l’institution de Bretton Woods. Reçue ce mardi par le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, la délégation a eu droit à un discours à la fois rassurant et stratégique, destiné à conforter la crédibilité économique du pays dans une phase de transition budgétaire délicate.

Un discours de confiance dans un contexte d’ajustement

Dans son échange avec les représentants du FMI, Abdourahmane Sarr a tenu à rappeler la résilience et le potentiel de croissance du Sénégal. Malgré l’impact temporaire de la politique d’ajustement budgétaire prévue sur la période 2025-2026 — marquée par la réduction des dépenses publiques jugées non productives le ministre a insisté sur le caractère transitoire de ces mesures. L’objectif affiché est clair : assainir les finances publiques pour mieux rebondir. Selon lui, la trajectoire de croissance redeviendra vigoureuse à moyen terme, portée par la mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050, un cadre stratégique de développement à long terme fondé sur les performances historiques du pays.

Dette publique : défendre une trajectoire jugée soutenable

Sur le dossier de la dette, Abdourahmane Sarr a défendu la position du gouvernement selon laquelle le niveau d’endettement du Sénégal demeure soutenable, au regard des critères reconnus d’analyse de la dynamique de la dette publique. Cette précision intervient dans un contexte où plusieurs partenaires techniques et financiers observent de près l’évolution de la dette extérieure du pays, alors que les besoins de financement demeurent élevés pour soutenir les grands chantiers d’infrastructures et les programmes sociaux.

Le ministre a également appelé le FMI à reconsidérer le cadre d’évaluation appliqué au Sénégal, estimant que celui-ci doit dépasser les approches standards destinées aux pays à faible revenu. Il a notamment mis en avant les spécificités structurelles de l’économie sénégalaise : appartenance à une union monétaire stable, importance stratégique des transferts des migrants et accès régulier aux marchés financiers internationaux.

Vers un nouveau programme avec le FMI

Au-delà du diagnostic, cette rencontre marque aussi la volonté du gouvernement sénégalais de finaliser un nouveau programme de coopération avec le FMI, après plusieurs mois de discussions. M. Sarr a insisté sur le rôle catalytique que doit jouer l’institution dans la mobilisation de financements et dans l’accompagnement des réformes économiques prioritaires. Pour le Sénégal, l’enjeu est double : préserver la confiance des partenaires internationaux tout en maintenant la cohésion sociale dans un contexte d’efforts budgétaires.

Une stratégie de repositionnement économique

En toile de fond, le discours d’Abdourahmane Sarr traduit la volonté du Sénégal de reprendre la main sur son narratif économique. En valorisant la solidité de ses fondamentaux et sa capacité à conjuguer rigueur budgétaire et croissance durable, le gouvernement cherche à projeter l’image d’un pays en maîtrise de sa trajectoire, malgré les contraintes conjoncturelles. Reste à savoir si le FMI partagera cette lecture et acceptera d’adapter son approche aux « dynamiques sénégalaises » que le ministre appelle de ses vœux.