L’ouverture de la session 2015-2016 est marquée par des anomalies qui dépassent l’entendement. Le bureau de l’Assemblée fut élu avant la constitution des groupes parlementaires. Or, les groupes sont sensés présenter des candidats aux différents postes de vice-présidence, même si l’on admet que la majorité a plus de chance de l’emporter sur la minorité. La constitution du Groupe des libéraux et démocrates fut tout simplement scandaleuse : Deux entités, l’une présidée par Modou Diagne Fada (Président sortant du Groupe) et l’autre, présidée par Aïssatou Mbodj dite Aïda, sont présentées à la table de la Présidence. On retrouvait, à quelques exceptions près, les mêmes noms dans les deux listes. Devant l’imprécision des articles régissant la procédure, au lieu de trancher le débat, séance tenante, devant la plénière, le bureau cafouilla avant de renvoyer les protagonistes, dos à dos, en s’engageant de statuer plus tard sur le cas. Ce fut ensuite par communiqué de presse, que le bureau de l’Assemblée trancha la question, en faveur du Président sortant Modou Diagne Fada, tout en déclarant irrecevable, la liste d’Aïssatou Mbodj, qui aurait été déposée par le Coordonnateur général du Parti démocratique sénégalais(PDS) M. Oumar Sarr ! Le Président de l’Assemblée nationale se réfère à l’article 22 du Règlement intérieur de l’Hémicycle-qui traite de la modification des Groupes- en l’interprétant à sa manière… De l’autre côté, on évoque les articles 14 et 20 qui parlent plutôt de la constitution des Groupes parlementaires. ..
Modou Diagne Fada, avoue pourtant que la liste et les signatures qu’il a déposées datent de 2012, au moment où la Onzième législature venait de commencer !
Face à cette épreuve de force, le camp du Groupe adverse n’a pas trouvé mieux que d’essayer de bloquer ou en tout cas de saboter le fonctionnement de l’Institution. C’est ainsi qu’ils sont venus avec des sifflets lors des travaux de commissions, et se sont mis à créer un vacarme assourdissant au sein de l’Assemblée…La majorité, elle aussi, usa et abusa de sa majorité quantitative pour chasser les députés de la minorité par des coups de poings et des coups de gourdins ! Il y eut, dans l’enceinte de l’assemblée, une situation inédite : une députée de la minorité, Mme Woré Sarr, tomba en syncope lors des bagarres et fut évacuée dans un bureau, le temps de faire la fête aux députés saboteurs. Cette forfaiture appelle, de notre part, trois réflexions :
1- Les textes de l’Assemblée sont mal rédigés et méritent d’être révisés par une commission pluridisciplinaire, comprenant des juristes, des littéraires et des philosophes…
2- Lors qu’une Assemblée nationale, sensée voter des lois qui s’imposent à tous les citoyens, préfère recourir à la force des biceps, pour régler-publiquement- un différent, en lieu et place de la force de la loi, une telle Assemblée doit être dissoute immédiatement et ses députés ne méritent plus de bénéficier des privilèges, liés à l’exercice de cette honorable fonction.
3- Il est impératif de réformer le mode d’investiture des candidats à la députation, afin de permettre aux citoyens dignes de cette honorable fonction de pouvoir se présenter et au peule sénégalais de pouvoir choisir, en toute liberté, les profils qui correspondent à la mission qu’il veut confier à ses députés.
En attendant, les citoyens sénégalais se réservent le droit d’ester en justice à l’encontre de quiconque attribuerait des privilèges de Président de Groupe Parlementaire à Modou Diagne Fada, dont l’élection est manifestement irrégulière. Si les députés s’estiment libres de se jouer de leurs fonctions, ils doivent comprendre qu’ils ne sont pas libres de jouer avec l’argent du contribuable…A bon entendeur, salut !