Primaires américaines : George W. Bush, l’arme secrète de Jeb Bush

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Pour faire décoller sa campagne, Jeb Bush, qui est en lice pour la primaire qui désignera le candidat républicain à l’élection du 8 novembre, abat ses dernières cartes. Dans l’Iowa, il est arrivé en 6e position. Dans le New Hampshire, sa mère Barbara, 90 ans, est venue lui prêter main-forte, sans grand succès.

A cinq jours du caucus républicain qui se tiendra dans cet Etat du Sud, il a invité George W. Bush, son frère et 43e président des Etats-Unis, à battre l’estrade à ses côtés, à North Charleston.

La région comprend de nombreuses installations militaires appartenant à toutes les branches (armée, marine, corps des marines, armée de l’air, garde-côtes) et l’armée est l’un des principaux employeurs dans cet Etat. C’est là, devant un électorat acquis à la famille Bush, qu’il compte faire la différence, face à Donald Trump.

  • Succès en Caroline du Sud

Dans la famille Bush, on aime la Caroline du Sud. C’est dans cet Etat républicain, où l’on vote conservateur – le GOP y a remporté toutes les élections depuis 1964, à l’exception de 1976 –, que George H. W. Bush et George W. Bush ont remporté des victoires décisives dans leur conquête de la Maison Blanche. En 1988, le père remporte la primaire (49 %) face à Bob Dole et fait encore mieux, avec 67 %, face à Pat Buchanan en 1992. En 2000, le fils la remporte (53 %) face à John McCain. En 2004, il n’avait pas d’adversaire républicain.

  • Jeb, obligé de défendre son patrimoine familial

Lors du débat républicain de samedi, Donald Trump a écorché le bilan de George W. Bush, expliquant que le 43e président des Etats-Unis avait « menti », lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003 : « Il n’y avait pas d’armes de destruction massive ». Enfonçant le clou, il a encore lâché : « Le World Trade Center s’est effondré sous la présidence de votre frère. Souvenez-vous-en. Ce n’est pas ce que j’appellerais nous protéger. »

« Mon père [George H. W. Bush] est le plus grand homme qui soit. Pendant que Donald Trump faisait des émissions de téléréalité, mon frère [George W.] construisait un appareil sécuritaire pour nous protéger », a tenté de riposter Jeb Bush.

C’est la première fois que Jeb endossait cet héritage. Jusqu’à présent, il suivait sa voie, jouait la carte du « I am my own man », celle du « Je ne dois rien à personne » qu’il a utilisée alors qu’il s’interrogeait sur l’opportunité de se lancer. En 2015, il rappelait que pour sa part, « il n’aurait jamais envahi l’Irak, sachant ce que l’on sait ».

  • George W. Bush en retrait depuis 2009

Pour George W. Bush, ce sera un retour dans l’arène, sa première intervention publique depuis 2009. Depuis son retrait de la vie publique, l’ancien président vit à Dallas, au Texas, et n’a pas montré de réel intérêt pour la fonction d’oracle que les républicains auraient pu lui faire endosser. Son nom reste associé à la guerre en Irak et à la crise économique. En 2012, c’est tout juste s’il avait adoubé Mitt Romney, presque par erreur, à la sortie d’un ascenseur.

Mais depuis quelque temps, il jouit d’un regain de popularité. Au printemps 2015, lorsque la campagne a commencé à prendre forme, un sondage montrait que 52 % des Américains avaient une opinion positive de l’ancien président (43 % d’opinion négative). Le New York Times rapporte qu’en octobre, 67 % des républicains avaient une opinion positive de lui.

Le Washington Post le décrit comme à la fois perplexe et captivé par la façon dont Donald Trump a réussi son OPA sur la primaire républicaine, mais intéressé aussi par l’ascension de Bernie Sanders.

  • Remobilisation des Bush

L’entrée en jeu de Barbara Bush a marqué un début de remobilisation : elle a estimé que Jeb est « presque trop poli » et qu’il serait temps qu’il interrompe les autres candidats pendant les débats.

George W. Bush est sorti du bois lui aussi. Il est apparu dans deux publicités diffusées lors du Super Bowl dans le New Hampshire et en Caroline du Sud.

Il a aussi enregistré une publicité radio pour défendre la candidature de Jeb, auprès des membres des forces armées : dans son texte, George W. Bush affirme que son frère respecte « les militaires, leurs familles, peut prendre des décisions difficiles et que sa main ne tremblera pas lorsqu’il sera confronté à une situation de crise ».

Mais George W. Bush s’apprête à renouer avec un parti qui n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il a connu : le parti est désormais déchiré entre pro-business, conservateurs et populistes anti-système, explique le Washington Post.

Face à ces nouveaux républicains, son bilan peut s’avérer un handicap : en 2008, il a œuvré à sauver les banques en faisant intervenir l’Etat, et sur le dossier de l’immigration, il a ouvert la voie à la régularisation.

  • Quels liens de parenté ?

Jeb et George W. peuvent néanmoins compter sur l’amnésie des électeurs. Lors du débat de samedi, l’une des questions qui taraudait le plus les téléspectateurs et les internautes était : « Est-ce que Jeb Bush a un lien de parenté avec George W. Bush ? », rapporte Fox News.

C’est le signe, sans doute, que les efforts de distanciation de Jeb Bush ont eu quelques succès, relève Fox. Plus grinçant, Jezebel, un site consacré à l’actualité féminine « sans retouche », affirme que les questions relatives à l’économie et le droit des minorités, notamment, n’ont qu’un intérêt relatif pour les électeurs.

  • Campagne contre Marco Rubio, John Kasich puis Donald Trump

Le New York Times relève que la campagne de Jeb Bush mise gros – 12 millions de dollars investis ou dépensés par Right To Rise, son comité d’action politique – en Caroline du Sud pour relancer l’ancien gouverneur de Floride.

La campagne de Jeb Bush a commencé par viser Marco Rubio, s’interrogeant sur ce qu’il a lemonde.fr