A l’image de la tendance mondiale, les investisseurs en capital risque continuent de reculer sur le continent. En dépit de quelques belles opérations récentes.
Une embellie qui ne s’est pas confirmée… Au sein du petit monde des startups africaines et des investisseurs en capital risque, le début du second semestre aura fait naître quelques espoirs dans un climat général hivernal qui dure depuis un an et demi.
En juillet, les levées de fonds des start-up du continent se sont, en effet, élevées à 443 millions de dollars, un record pour ce mois selon les pointages de « Africa The Big Deal », la base de données créée par les experts Max Cuvellier et Maxime Bayen. Ce début de second semestre a vu ainsi la meilleure performance mensuelle de l’écosystème depuis 14 mois grâce à deux méga transactions : une facilité de titrisation de 176 millions de dollars accordée à la société d.light (solaire hors réseau en Afrique de l’est – en photo) et l’augmentation de 157,5 millions de dollars de la fintech MNT-Halan (paiement en Egypte). Le mois d’août a fait ensuite l’effet d’une douche froide et d’un retour à la raison : l’écosystème est toujours à la peine, avec des levés de fonds anémiques. « Les start-ups ont annoncé [en août dernier] seulement 56 millions de dollars de financement (…) contre 234 millions de dollars en août 2023 (soit environ quatre fois moins) », selon les pointages de « Africa The Big Deal » qui a recensé seulement 27 opérations contre 40 pour la moyenne mensuelle des douze derniers mois.
Parmi les opérations notables, mais toutes assez modestes, de ce mois d’août figurent l’investissement de 10 millions de dollars de la banque de développement néerlandaise FMO dans la fintech ghanéenne Fido ou encore les 9 millions de dollars levés par Solarise Africa (solaire C&I en Afrique du Sud) auprès de Mergence Investment Managers.
Résultat, en cumul sur huit mois, les levées de fonds plongent de 40 % par comparaison à la même période de l’an dernier qui, faisant suite à une décennie de forte croissance, avait déjà été une période désastreuse. Cette tendance vient d’être confirmée par une autre source, sur le seul segment du capital risque. Selon une étude publiée par l’Association africaine de capital-investissement et du capital-risque (AVCA) le 20 août, les nouveaux engagements des fonds de capital-risque en Afrique ont reculé de 65% en valeur (et 25% en volume avec 205 transactions) au premier semestre 2024. A 700 millions de dollars sur six mois, il s’agit de la plus mauvaise performance du secteur depuis 2020!
On notera bien sûr que cette tendance n’est pas propre à l’Afrique. Au sein des économies d’Asie du sud-est , par exemple, les levées de fonds ont plongé de 65% ce premier semestre à 1,6 milliard de dollars, selon le consultant Tracxn. Quant à la France, la French Tech a vu ses levées de fonds reculer d’environ 5% sur la même période, une relative stabilisation qui laisse entrevoir pour l’Hexagone une possible reprise, qui risque de prendre plus de temps en Afrique.