Le Général Jean Grangeon a été, dans le cadre de l’opération Manta puis Epervier, chargé de la remise à niveau de la piste de l’aéroport de Ndjaména suite à son bombardement par l’aviation libyenne et de l’aménagement de la piste de l’aéroport de Faya-Largeau. Il a côtoyé et travaillé avec le Président HABRE pendant 3 années. Il a envoyé ce témoignage, dès les premières poursuites en 2000 en le faisant valider devant Notaire, pour dire tout ce qu’il sait du Président HABRE.
Témoignage fort d’un homme d’honneur qui, par ce témoignage vient de prouver à tous ceux qui ont connu le Président HABRE que le silence est une trahison. Il ne manque d’ailleurs de le dire en soulignant la « mémoire courte des autorités françaises mais aussi des tchadiens. ».
Je, soussigné, Général (cr) Jean GRANGEON, né le 9 octobre 1930 à Saint-Etienne 42000 France, de nationalité française. Profession : retraité, Lien de parenté : néant
Atteste avoir été témoin des faits suivants et relate ce qui suit :
A l’issue de ma carrière militaire qui m’avait fait connaître le Tchad, en fin d’opération Manta, et pendant l’opération Epervier, lors de la remise à niveau de la piste de N’djaména, suite à son bombardement par l’aviation libyenne, j’ai été mis en place par la Coopération Civile Française comme Conseiller Technique auprès du Président de la République Tchadienne : son Excellence Hissein Habré.
Ma mission était de mettre sur pied, pour ce pays, une Unité Militaire d’infrastructure. De plus, je conseillais le Président principalement pour la partie infrastructure aéronautique. C’est dans ce cadre que, pendant plus de trois ans, j’ai côtoyé le Président Hissein Habré, que j’estime à sa juste valeur.
Tout d’abord, le Président m’a permis de remplir ma mission en m’accordant les moyens personnels mais surtout techniques et financiers pour la mise sur pied du Génie Routier Tchadien. Une fois cette unité créée, son soutien actif moral m’a permis avec cette unité, de réaliser, en dur, la piste aérienne de Faya-Largeau, au moindre coût. Sans son soutien actif moral, cette piste n’aurait pu être réalisée et le B.E.T. (Borkou Ennedi Tibesti) ne posséderait pas, aujourd’hui, une Piste pour gros porteurs, qui permettrait, un jour, le développement économique et touristique de cette grande région. Grâce à ma fonction, j’ai approché de près le Président Hissein Habré, lui parlant seul à seul, et lui faisant des propositions qu’il a toujours acceptées lorsqu’il estimait qu’elles allaient dans le sens de l’unité et de l’indépendance de son pays.
En effet, si le Président Hissein Habré a été un chef de guerre, c’est surtout et avant tout un homme politique de valeur, plaçant, en priorité, l’indépendance et l’unité de son pays, sans chercher les avantages financiers personnels. J’en veux pour preuve le fait que malgré sa fonction, il ne se soit jamais attribué aucun grade, ni Général, et encore moins Maréchal. Il n’avait pas besoin de cela pour s’imposer à tous y compris auprès des militaires, par son travail, sa ténacité et sa respectabilité. Pour ma part, je considère le Président Hissein Habré comme le Président qui a réalisé l’unité territoriale du Tchad :
– en boutant hors du Tchad l’ennemi libyen qui occupait la moitié de son pays ; – en éradiquant toutes les rébellions locales qui semaient le désordre ; – en ralliant les principaux opposants ; – en engageant la procédure auprès de la Cour Internationale de la Haye dont la décision a permis de faire rendre au Tchad la bande d’Aozou par la Libye.
Bien sûr, ces différentes actions n’ont pu, sauf la dernière, être obtenues sans morts, mais cela n’a rien à voir avec ce qui est reproché au Président et avec un crime contre l’humanité.
Le Président était trop occupé par son travail pour qu’il ait eu le temps matériel de participer à ce qu’il lui est reproché. Bien sûr, parfois dans le feu de l’action les ordres sont dépassés et il peut y avoir des bavures, mais dans quel pays n’y en a-t-il pas eues au moment de la libération et de la naissance d’un pays indépendant ?
Le Président Hissein Habré a pu créer les conditions qui ont permis l’unité du Tchad et éviter les rivalités partisanes y compris religieuses. J’en veux pour preuve la réponse faite par lui à l’imam de la mosquée de Ndjaména qui avait eu tendance à faire du prosélytisme lors d’une fête de mouton : « il ne faut jamais oublier que le Tchad est un pays non seulement multiethniques mais aussi multiconfessionnels ». Cette réponse du Président Hissein Habré avait d’ailleurs, à l’époque été imprimée et diffusée par Monseigneur Mathias N’Gartery Mayadi, Evêque catholique de Sarh. Cet Evêque m’a rapporté cela, lui-même, lorsque, lors du passage de sa Sainteté le Pape, à N’djaména, nous l’avions, avec mon épouse, hébergé à la maison. Ma femme peut d’ailleurs témoigner de ce que j’avance.
A l’occasion de la visite du Pape, il faut aussi noter que sa Sainteté Jean Paul II avait fait remarquer, à l’époque, qu’il n’avait jamais été aussi bien reçu dans un pays dirigé par un musulman qu’au Tchad, et que le discours prononcé par le Président Hissein Habré lors de sa réception était le plus beau qu’il ait entendu durant tout son périple en Afrique.
Je tiens aussi à faire remarquer que le Président Hissein Habré était « un Président de poids » :
– reconnu par ses pairs africains
– reçu par de nombreux Chefs d’Etat, dont le Président des Etats-Unis ;
– invité, en France, à assister à Paris à un défilé du 14 juillet, place de la Concorde, à la Tribune officielle, à côté du Président de la République française, François Mitterrand.
Personnellement, j’estime que le fait d’inculper le Président Hissein Habré pour le motif invoqué est une honte et une injure. Ce n’est pas de son niveau.
Je savais que les « Français avaient la mémoire courte » mais je vois que certains Tchadiens l’ont, aussi, très courte, et ils oublient bien facilement les avancées que le Président Hissein Habré a fait réaliser à son pays, et plus particulièrement :
– réalisation territoriale
– mise en place de la Constitution
– vote pour les Députés et la Présidence
– création de la semaine de la femme
– paix retrouvée, à l’époque
– début de développement, économique du pays, dont recherche du pétrole. Le Président Hissein Habré faisait toujours passer l’intérêt général avant l’intérêt particulier et ceux qui ont déposé plainte contre lui feraient bien de suivre son exemple.
Par son action, Son Excellence le Président Hissein Habré a évité que son pays ne tombe dans une guerre civile tribale avec la kyrielle de morts qu’elle entraine. Les exemples ne manquent pas, en Afrique, malheureusement, Nigéria, Congo, Burundi, les Grands Lacs, etc… Je délivre la présente Attestation en faveur de Monsieur le Président Hissein Habré et je certifie avoir eu connaissance des sanctions encourues pour faux témoignages.
Fait à Châtellerault le 18 février 2000. Le Général (cr) Jean GRANGEON