L’ONU dénonce l’accueil indigne des migrants en République tchèque

© Archives, AFP | Le Haut Commissaire des Nations unies, Zeid Ra’ad al-Hussein, le 16 septembre 2015 à Genève.

Le Haut Commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme a vivement dénoncé jeudi la détention « systématique » dans « des conditions dégradantes » de migrants et de réfugiés, en particulier des enfants, en République tchèque.

La République tchèque, pays de transit pour les migrants voyageant vers des pays plus riches de l’UE, traite de façon indigne ces voyageurs qui le traverse, a dénoncé jeudi 22 octobre l’ONU. « Les violations des droits humains des migrants ne sont pas isolées ni le fait du hasard, mais systématiques, elles semblent faire partie intégrante de la politique du gouvernement tchèque pour décourager migrants et réfugiés d’entrer ou de séjourner dans le pays », a dénoncé le Haut-Commissaire, Zeid Ra’ad al-Hussein, dans un communiqué publié à Genève.

Le pays soumet « de façon routinière [d]es migrants et réfugiés à une détention de 40 jours, parfois jusqu’à 90 jours, dans des conditions décrites comme dégradantes », a ajouté le responsable.

Le Haut-Commissaire est intervenu à plusieurs reprises sur cette crise des migrants en Europe, mais c’est la première fois qu’il se montre aussi sévère et critique à l’encontre d’un gouvernement. « La loi internationale est très claire : la détention pour immigration doit être strictement une mesure d’ultime recours. Et le Comité de l’ONU pour les droits des enfants a souligné que leur détention uniquement sur la base de leur statut migratoire, ou de celui de leurs parents, constitue une violation […] et n’est pas justifiable », a encore poursuivi le Haut-Commissaire onusien.

« Pire qu’une prison »

Il s’inquiète particulièrement des conditions dans le centre de détention de Bila-Jevoza, à 80 km au nord de Prague, décrit par le ministre tchèque de la justice, Robert Pelikan lui-même, comme « pire qu’une prison » et où la médiatrice officielle tchèque Anna Sabatova a compté une centaine d’enfants détenus, dans un rapport qu’elle a diffusé le 13 octobre.

L’ONU fait également état « d’informations crédibles » selon lesquelles ces migrants sont fouillés de façon routinière pour leur confisquer 250 couronnes tchèques (dix dollars) quotidiens par personne pour leur séjour involontaire en centre de détention. « Le fait qu’ils soient obligés de payer pour leur propre détention est particulièrement condamnable », a-t-il enfin estimé.

Prague opposée aux quotas de migrants

Tout en notant quelques améliorations apportées la semaine dernière avec l’ouverture de nouveaux centres et la mise en place d’un mécanisme permanent entre la médiatrice et le ministère de l’intérieur, Zeid Ra’ad al-Hussein appelle le gouvernement tchèque à prendre, « conformément aux obligations de la République tchèque » des mesures immédiates pour garantir le respect des droits de l’Homme des migrants et des réfugiés.

La police tchèque a annoncé la semaine dernière avoir intercepté au cours des neuf premiers mois de l’année 7 201 migrants, plus que le double comparé à la même période en 2014. Depuis le début de l’année, 1 115 personnes ont demandé l’asile en République tchèque, selon le ministère de l’Intérieur.

Comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne, la République tchèque s’oppose fortement au système de quotas exigé par la Commission européenne.

Avec AFP