François Hollande soutient le « droit » d’organiser un référendum au Congo-Brazzaville

 © Dominique Faget, AFP | Le président François Hollande et son homologue congolais sur le perron de l’Élysée, le 7 juillet 2015.

François Hollande a suscité une polémique, après avoir apporté son soutien au président congolais, en assurant que Sassou Nguesso pouvait « consulter son peuple » lors d’un référendum contesté, qui pourrait lui permettre de briguer un nouveau mandat.

Brazzaville a peu à peu retrouvé son calme, jeudi 22 octobre au matin, après avoir été secoué par deux jours de violences, mais les propos de François Hollande sur le référendum congolais ne cessent, eux, de faire réagir.

« Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre », avait déclaré, mercredi, le chef d’État français, faisant allusion au référendum prévu dimanche au Congo, qui pourrait permettre à Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat après 30 ans passés au pouvoir.

Loin du discours de Dakar

Un soutien qui tranche avec le discours que le président avait tenu il y a moins d’un an, lors du sommet de la francophonie à Dakar, au cours duquel François Hollande avait salué les transitions alors en cours en Tunisie et au Burkina Faso. Un discours vu comme une mise en garde pour les dirigeants tentés de se maintenir au pouvoir « en violant l’ordre constitutionnel ».

La déclaration du chef de l’État français est, par ailleurs, intervenue quelques heures seulement avant la rencontre annoncée en fin de journée entre le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et Jean-Claude Gakosso, son homologue congolais.

« Une provocation criminelle »

L’association Survie, qui dénonce toutes les formes d’intervention néocoloniale française en Afrique, n’a pas tardé à réagir. « Cet entretien accordé par Laurent Fabius est une provocation criminelle, une insulte aux Congolais et à tous les démocrates africains. La France doit immédiatement annoncer la suspension de sa coopération militaire et policière avec le régime, et contribuer à isoler d’urgence les dirigeants congolais », a fait savoir Mathieu Lopes, vice-président de l’association.

Des propos tenus au moment même où, à Brazzaville, les forces de sécurité ont eu recours à des tirs de sommation et des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants opposés à l’organisation de ce scrutin. Les opposants y voient un moyen de maintenir indûment le président au pouvoir. Mardi, quatre personnes ont été tuées dans la capitale lors d’affrontements entre policiers et manifestants opposés à la consultation nationale. L’opposition avait déjà rassemblé des milliers de manifestants en septembre dernier pour protester contre ces projets, mais le gouvernement a également mobilisé des milliers de partisans le 11 octobre dans les rues de la capitale. La journée de dimanche est placée sous haute tension.

À 71 ans, Denis Sassou Nguesso, qui depuis 1979 est resté au pouvoir à l’exception de cinq années, ne peut, en vertu de la Constitution, briguer un nouveau mandat. Mais le référendum de dimanche doit porter sur des amendements constitutionnels qui pourraient englober un relèvement de l’âge maximum des candidats à la présidentielle et la suppression de la limitation à deux mandats.

Avec AFP