Les attentats terroristes à Paris, dont le bilan avoisine désormais les 130 morts, n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Les auteurs de l’attentat terroriste restent difficiles à cerner, mais Daesh a publié une revendication des attentats.
[Mis à jour le 14 novembre 2015 à 15h40] Après les attentats de ce vendredi 13 novembre à Paris, qui ont fait près de 130 morts, l’attention se focalise sur l’identité des terroristes qui ont fait feu en plusieurs endroits de la capitale ainsi qu’à proximité du Stade de France. L’attentat a été revendiqué ce samedi matin par Daesh dans un communiqué qui parle de « huit frères » ayant mené l’attaque. Les autres éléments de l’enquête arrivent au compte gouttes et de manière éparse.
Une empreinte digitale d’un des assaillants du Bataclan a permis de l’identifier. Selon France Info, l’homme identifié était connu des services de police pour sa radicalisation. Il faisait l’ objet d’une fiche « S » de la DGSI. Il serait de nationalité française et serait né en 1985. Le suspect dont l’ADN a été identifié pourrait être originaire de l’Essonne selon France Info. Ni les enquêteurs, ni la station publique ne livrent plus d’informations sur ce dernier. C’est un doigt sectionné lors de l’explosion du kamikaze qui aurait permis cette identification.
Selon Europe 1, l’âge des kamikaze serait estimé entre 15 et 18 ans par l’Institut Médico Légal. Les huit assaillants qui se sont donnés la mort pour la majorité hier soir au Bataclan et au Stade de France, seraient donc extrêmement jeunes si l’on en croit cette information. Lors des attentats de janvier à Charlie Hebdo et à l’Hype Cacher de la porte de Vincennes, les terroristes – les frères Kouachi et Amedi Coulibaly – étaient âgés d’une trentaine d’années.
Troisième information clé sur les auteurs des attentats de Paris : un passeport syrien a été retrouvé sur l’un des assaillants de l’attaque du Bataclan à Paris, hier, selon France Info. Le passeport appartiendrait à un homme syrien né en 1990 selon BFMTV.
Une dizaine de suspects recherchés, une interpellation en Allemagne intrigue
Une dizaine de suspects sont recherchés depuis hier soir. Les terroristes ont tout d’abord un profil de professionnels très bien entraînés, qui auraient pu passer par des zones de combat selon des sources proches de l’enquête. Une information qui rejoint les témoignages recueillis depuis hier qui évoque des « machines à tuer ». Les policiers parlent d’un « commando extrêmement bien organisé et plein de sang froid », le mot « commando » est utilisé indique Le Figaro. 2200 enquêteurs sont sur l’affaire et prennent les dépositions d’une centaine de témoins. Les renseignements passent quant à eux au crible 1700 individus radicalisés particulièrement dangereux et 2000 radicaux potentiels.
France 2 évoque ce midi des recherches actives des forces de l’ordre pour retrouver deux voitures, dont une Clio noire notamment. Le Parisien ajoute que la police traque une voiture de type Citroën Berlingo à bord de laquelle se trouvait quatre personnes lourdement armés et qui a forcé le péage de l’A10 à hauteur d’Ablis (Yvelines) en direction de Paris. Une voiture suspecte noire d’immatriculation belge a été retrouvée aux alentours du Bataclan indique iTélé.
Selon BFMTV, un homme, Ali R., arrêté en Bavière la semaine dernière, aurait par ailleurs un lien avec les attentats. Une radio allemande rapporte que l’homme originaire du Montenegro transportait des pistolets, des grenades et des explosifs quand il a été interpellé lors d’un contrôle sur l’autoroute A8, entre Salzbourg et Munich. Il projetait de se diriger vers Paris. Le lien avec les incidents d’hier a été fait.
L’attaque, revendiquée par Daesh ce samedi matin, aurait donc été pilotée de l’extérieur, selon les premiers éléments. François Hollande a lui même évoqué cette hypothèse lors d’une intervention peu avant 11 h.
La revendication de Daesh samedi matin
L’Etat islamique (Daesh) revendique officiellement l’attaque contre la capitale ce vendredi 13 novembre 2015. Une première en France mais aussi en Europe. L’Etat islamique évoque l’action de « huit frères » dans un message posté sur les réseaux sociaux peu avant midi. « Huit frères portant des explosifs et des fusils d’assaut ont pris pour cible des endroits choisis minutieusement à l’avance au coeur de la capitale française, le Stade de France lors du match des deux pays croisés la France et l’Allemagne, auquel assistait l’imbécile de France François Hollande, le Bataclan ou étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité ainsi que d’autres cibles dans le dixième, le onzième et le dix-huitième arrondissement », indique un texte diffusé sur Internet.
Voici ce qui est présenté comme le texte publié, en français, par Daesh. Le document reste à authentifier.
« C’est une attaque terroriste menée contre la France par une armée, Daesh », a déclaré François Hollande qui a pris la parole plus tôt, peu avant 11 h. Le président de la République semblait donc déjà indiquer, avant même cette revendication, que l’Etat islamique était derrière les attaques qui ont frappé Paris la nuit dernière. Le chef de l’Etat parle d’un « acte de guerre », préparé et planifié de l’extérieur.
Qui sont les terroristes ?
Les attentats de Paris, qui ont fait près de 130 morts selon le dernier bilan diffusé par les autorités ce matin, ont impliqué au moins huit terroristes, tous morts selon la préfecture de police de Paris et le ministère de l’Intérieur. Quatre assaillants sont morts dans l’attaque du Bataclan, la plus meurtrière, trois au Stade de France où des explosions ont fait une victime. Un dernier terroriste est mort dans le Xe arrondissement de Paris, lui aussi frappé par une fusillade meurtrière. Sur les huit terroristes, 7 se serait eux-mêmes donnés la mort avec des ceintures d’explosifs, un dernier aurait été abattu par le RAID lors de l’assaut donné dans la nuit pour mettre fin à la prise d’otages au Bataclan. Leur identification devrait être rapide.
EN VIDEO – Selon un membre du RAID, il y a eu préparation avec repérages, mais il est surtout surpris par leur détermination.
Qui sont les terroristes tués et y a-t-il d’autres suspects en cavale ce matin ? Difficile de répondre à ces questions avec fermeté. Pourtant, la piste de l’acte coordonné par des extrémistes islamistes de Daesh semble privilégiée désormais. Plusieurs témoins affirment en effet avoir entendu les assaillants du Bataclan évoquer l’intervention française contre l’Etat islamique « en Syrie » et « en Irak » pour justifier leur geste. Partant de cette première hypothèse, trois profils terroristes peuvent être envisagés.
Le premier de ces scénarios, le plus probables dorénavant, est celui d’une attaque directement organisée et contrôlée par l’État islamique. L’EI a-t-il envoyé quelques-uns de ses éléments pour agir en France ? Recruté directement dans l’hexagone pour frapper la capitale en plein fouet ? Les deux ? Toutes les options sont possibles. L’EI cible en tout cas ouvertement la France depuis que celle-ci est engagée sur le terrain (et dans les airs) pour tenter de stopper sa progression en Syrie et en Irak. Après le crash de l’Airbus dans le Sinaï il y a quelques jours, dont l’EI a revendiqué la paternité, il est clair que la menace et surtout les capacités de l’organisation de frapper loin de ses bases semble accrue.
Un deuxième scénario pourrait se rapprocher du déroulement et de l’organisation des attentats de Paris il y a dix mois, débutés avec l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo, début janvier. Le passage à l’acte de plusieurs éléments radicalisés, mais aux profils différents, gravitant dans les milieux islamistes depuis plusieurs années, et ayant pour certains reçu une formation à l’étranger. Ce scénario mettrait aussi en avant l’intervention d’une autre organisation terroriste : Al-Qaïda, dirigée autrefois par Oussama ben Laden. En janvier, l’un des frères Kouachi avait en effet suivi une formation d’Al-Qaïda au Yémen, tandis qu’Amedi Coulibaly se revendiquait de l’EI sans avoir jamais eu de contact direct avec le groupe. Al-Qaïda est par ailleurs soucieuse de retrouver son leadership dans les mouvances djihadistes, perdu depuis plusieurs mois au profit de l’Etat islamique, une organisation concurrente. Une attaque spectaculaire à Paris serait une façon de montrer sa puissance.
Le troisième scénario, désormais quasiment écarté, serait le passage à l’acte d’éléments radicalisés indépendants. La théorie du « loup solitaire », un profil similaire à celui de Mohamed Merah, qui avait tué 7 personnes à Toulouse en 2011, peut aussi être envisagé. Mais cette fois, il semble bien que ce soit un « commando » qui ait agi simultanément à plusieurs endroits de la capitale. Les loups solitaires serait alors parvenus à s’organiser en meute.
linternaute