Senpresse.net : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Senpresse.net
Pape Amadou Mbodj : Je me nomme Pape Amadou Mbodj. Je suis le petit fils de Kabirou Mbodj ancien maire de Pikine. J’ai eu mon Bac S2, j’ai fait une formation en Gestion des Entreprises. Quand j’ ai eu mon diplôme Marketing et Communication, j’ai créé ma propre boite qui s’appelait… Hé ! J’ai vite compris que je dois me lancer dans l’auto emploi. J’ai créé ma propre boite qui s’appelait SEN AIATE (Sénégal Agronomie Immobilier Automobile et Transite). Là j’avais 25 ans, là je pensais à l’agronomie, je pensais à l’agriculture, je pensais à l’automobile. Car je voulais organiser le premier salon international de l’automobile. Et c’est tellement difficile. Après ça j’ai pu passer aujourd’hui deux ans de galère, de souffrance. J’ai créé une boite d’événementiel qui s’appelle Spécial Events Sénégal. Et c’est dans ce cadre-là que j’ai organisé les Calebasses de l’excellence Awards. Les Calebasses de l’excellence Awards est une cérémonie de remise de prix international que nous avons organisé ici. Nous l’avons organisé au Théâtre national Daniel Sorano après cela nous avons fait Paris, nous avons fait le King Fahd Palace, nous avons fait Etats Unis, nous avons fait Canada. Et ce fut un plaisir d’être honoré par le maire de Memphis qui m’a décoré citoyen d’honneur l’année dernière quand je suis parti organiser la cérémonie des Calebasses de l’excellence Awards.
Quelles sont les autres événements que vous avez organisés à travers le monde ?
Hormis la cérémonie des Calebasses de l’excellence Awards, on a fait des Calebasses de l’excellence Awards de la diaspora. Car la diaspora c’est la 15 ème région du Sénégal. Et le sixième continent par rapport à l’apport économique, on s’est dit que nous allons rendre hommage à des dignes du Sénégal. Et c’est pour cela qu’on a créé la calebasse de l’excellence Awards de la diaspora pour récompenser les personnalités qui sont dans la diaspora et qui œuvrent pour le développement du Sénégal et de l’Afrique. Je suis le premier à avoir lancé la cérémonie à Paris, je suis le premier à avoir lancé la cérémonie aux Etats Unis. Je suis le premier à avoir lancé la cérémonie au Canada. C’est ça les Calebasses de l’excellence Awards. Hormis cela je suis le premier à avoir organisé une cérémonie de remise de prix thématiques; les trophées de l’environnement. On a fait la première édition, on a fait la deuxième édition. La troisième édition nous l’avons fait et nous avons invité le maire de Kigali (Rwanda : ndlr) et le maire de Diamniadio pour ficeler un partenariat avec ces deux institutions.
Pouvez-vous nous expliquer comment tout cela s’est passé pour y arriver à ce stade de leadership dans ce domaine?
Je pense qu’il n’y a pas de secret dans le travail. Tu sais dans cette vie-là, il y a que le travail qui paie (il se répète). Imaginez moi je marchais de Dakar à Pikine parce que je n’avais pas de transport. Imaginez, je ne buvais qu’un seul tasse de café parce que ça que j’avais. Parce qu’imaginez que vos parents fassent tout pour que vous obteniez vos diplômes. Ils font tout avec l’auto-emploi que vous avez choisi pour vous accompagner. Là où je suis arrivé aujourd’hui il n’y a pas de secrets. C’est le travail qui paie. Et je pense que c’est ça qui est important. C’est ça qui peut aider chaque personne de réussir. A Pikine où j’habite je veux faire beaucoup de choses pour montrer que ceux qui habitent ici dans la banlieue doivent être bien représentés. C’est ça et c’est ça l’esprit. L’esprit c’est de croire en soi, croire là où on habite. Et si on a ça le secret est découvert.
Vous allez prendre part à la prochaine COP 24 du mois de décembre en Pologne où vous êtes attendu pour la cérémonie de remise du prix de l’Afrique de l’Ouest francophone. Pouvez-vous nous dire plus sur votre présence aux côtés de ces sommités internationales de l’environnement ?
La Cop qui se déroule chaque année est une grande conférence internationale sur le climat qui réunit les Etats engagés depuis 1992 par la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Trois ans après l’adoption de l’Accord de Paris, la COP 24 qui aura lieu en Pologne en décembre 2018, a un enjeu bien stratégique avec le défi de la mise en œuvre des engagements en 2015. Et nous en tant jeunes, on va organiser au Side event pour parler de l’environnement. Nous allons organiser une boite d’événementiel qui s’appelle les Trophées verts, les trophées de l’environnement pour l’Afrique de l’Ouest francophone. On va décerner des prix à des personnalités, à des pays qui ont fait des progrès dans ce sens. Aujourd’hui pour la première fois dans l’histoire de la Cop 24, dans l’histoire d’une Cop, dans l’histoire d’une Conférence sur les changements climatiques, la Cop 24 doit être un baromètre. Aujourd’hui la Cop 24 sera un instrument de mesure sur des pays qui ont fait des avancées dans le domaine du changement climatique, dans le domaine de la préservation de l’environnement, dans le domaine de la préservation de la faune. Aujourd’hui l’Afrique est cette nouvelle terre promise, l’environnement n’a pas de frontières. On peut faire des erreurs en Inde, des erreurs sur le plan environnemental et cela peut avoir les répercussions jusqu’ici au Sénégal. Et répercussions peuvent aller jusqu’en Afrique Centrale. Et je pense que c’est pour cela qu’on est désuni de par les décisions, on est désuni de par des questions, des formats mais l’environnement nous unit. L’environnement peut unir l’Inde et la Côte d’Ivoire, la France et l’Afrique du Sud parce qu’il n’y a pas de frontières. Ils ont tracé des frontières mais l’environnement n’a pas de frontières. Et c’est pour cela nous tous, nous devons mener ce combat ; ce combat de refaire d’autres générations vertes, ce combat de refaire aujourd’hui une nouvelle une génération verte à travers les enfants. L’Afrique doit sauver la planète, le seul continent qui peut sauver aujourd’hui la planète c’est l’Afrique. C’est pour cela nous, on a aujourd’hui une responsabilité forte de sauver l’humanité et c’est à travers des actions allant dans le sens de préserver l’environnement. Nous devons préserver l’environnement. C’est pour cela que nous organisons la cérémonie de remise des prix de l’Afrique de l’Ouest francophone. Et cela nous pousse à aller au-delà pour l’organiser après au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo pour montrer à tous ces pays qu’il nous faut faire des avancées pour sauver l’Afrique. Et pour cela il faut faire des sacrifices pour la préservation de l’environnement. C’est ça le rôle que nous voulons mener.
Il y a une certaine fierté de Pikinité qui se lit dans vos propos. Quel message aimeriez-vous lancez aux milliers de jeunes de Pikine voire de la banlieue ?
Moi je viens de Pikine (il se répète), je viens de la banlieue. Je vis Pikine, je suis Pikine. Parce que pour moi Pikine est tout pour ma vie. Ce que je crois c’est qu’on donne la chance à tous les jeunes. Il faudrait qu’on mette des mécanismes devant permettre à tout un chacun de pouvoir réussir. Il faudrait mettre des mécanismes devant permettre à tout jeune qui a un talent caché en lui de se réveiller. Et c’est ça le véritable rôle d’un Etat. L’Etat ne peut pas donner tout le monde de l’emploi. Non! L’Etat ne peut pas venir dire voilà Pape Amadou Mbodj tu as des diplômes, tu as ça et ça, on va te donner. Non ! Mais, l’Etat a le droit et doit faire mettre en œuvre, mettre tous les moyens pour encadrer et faire la promotion de la création d’emploi. C’est ça qui est important et c’est ça que nous voulons mener. Moi, je suis parti de rien pour faire quelque chose. C’est possible. Toi qui me regardes, toi qui m’écoutes, toi qui es en train de lire Senpresse.net je veux te faire comprendre qu’à partir de 0 franc tu peux faire quelque chose. A partir de rien à partir du néant, il est possible de faire quelque pour devenir quelqu’un dans la société. C’est ça ! On vient du néant. Lorsqu’on est venu au monde, on est nu. Mais après on s’est battu dans le temps pour obtenir quelque chose. Raison pour laquelle on doit continuer à bosser quel que soit les péripéties de la vie pour avancer et changer de statut social. C’est le message fort que je donne à celui qui habite à Djinaw Rail, à celui qui est au marché Sandika, à celui qui habite à Yeumbeul, à celui qui est de Tambacounda, à celui qui habite à Ziguinchor, à celui qui habite à Kédougou, à celui qui est de Thiès. Bref, c’est le message que je prodigue à tout jeune qui croit en soi. Le soleil brûle pour tout le monde. C’est ça que je lance comme slogan. Il faut avoir la foi. Vous savez, la foi, la croyance au Dieu est très importante. Mais dans cette foi, il y a quelque chose qui y trouve à savoir le culte du travail. Il faut que la jeunesse ait la foi du travail. Croire que seul le travail qui peut nous conduire à la réussite. Prenez l’exemple du Rwanda, ils sont partis d’une guerre extraordinaire. Aujourd’hui Rwanda est un exemple, Ethiopie. Voilà ces pays-là qui décollent. Pourquoi on reste là à ne pas décoller ? Il faut que l’Etat accompagne la jeunesse. Il faudrait qu’il y ait des mécanismes qui pourront mettre à tous les jeunes de pouvoir réussir. Mais l’Etat ne peut pas mettre tout sur place et que la jeunesse reste à croiser les bras. Il faut que la jeunesse ait cherché ce qui l’appartienne. La jeunesse doit croire en elle. Que la jeunesse sache qu’elle est maîtresse de son destin. Elle doit travailler pour mériter ce qu’elle gagne. Et que l’Etat ne viendra jamais chercher personne chez lui pour lui donner du travail. Il faut se batailler.
Aujourd’hui l’actualité au Sénégal, c’est la découverte du pétrole et du gaz qui seront bientôt dans la phase de l’exploitation. Etes-vous rassuré des dispositifs sécuritaires mises en place par l’Etat dans le cadre des impacts environnementaux?
Moi je pense que c’est une chance d’avoir du gaz et du pétrole. Il y a des impacts sur le plan halieutique sur le plan de l’environnement je le pense. Mais je salue le président de la République du Sénégal pour avoir organisé des concertations sur les recettes venant du pétrole et du gaz. Mais ce qui m’a étonné c’est qu’au cours de cette rencontre, je n’ai pas entendu aucun intervenant parlé de l’argent alloué à l’environnement. Alors qu’on a parlé de l’argent destiné à tel ou tel secteur. C’est pour cela je profite de l’occasion pour lancer un appel au président de la République pour lui dire qu’il nous faut un programme opérationnel de développement durable (PODD). Celui va permettre d’allouer à ce programme une enveloppe devant pour pouvoir créer des projets environnementaux. Cela doit être compris par tout le monde.
Qu’attendez-vous des Sénégalais pour votre déplacement en Pologne pour la cérémonie de remise de prix de l’Afrique de l’Ouest francophone que vous allez organiser en décembre prochain durant la COP24 ?
Je termine en réitérant que je suis de Pikine. L’événement que je vais organiser en Pologne en compagnie de l’Etat, en compagnie de « Je viens de Pikine, c’est de Pikine en Pologne ». Je représente Pikine, je lance un appel à tous les fils de Pikine. Je lance un appel à tous les fils de la banlieue en leur invitant de venir assister à l’événement. Le Professeur Daouda Ndiaye est mon invité d’honneur. C’est lui qui est le premier Conseiller de l’université Haward des Etats Unis d’Amérique. Je profite de l’occasion pour inviter tous les responsables, le maire, Abdoulaye Thimbo, tous les maires, le ministre de la Jeunesse. Et franchement je lance un appel à tout le monde pour leur dire que c’est un fils de Pikine qui part en Pologne pour organiser quelque chose pour l’Afrique. Donc je veux qu’ils le portent sur le cœur. Je remercie le ministre de l’Environnement Mame Thierno Dieng qui est en train de faire un travail exceptionnel. Je remercie le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, Le Ministre de la Justice, Pape Gorgui Ndong, le maire de Pikine, Abdoulaye Thimbo, Madame Ramatoulaye Dieng Ndiaye, Dage au Ministère de l’Intérieur et Thierno Ndom Bâ. Et aussi je remercie tous les partenaires qui m’accompagnent et je remercie Senpresse.net qui est le premier partenaire média qui nous appuie.
Entretien réalisé par Souleymane SANE