Lors du troisième débat télévisé organisé, mercredi, entre les dix candidats favoris aux primaires républicaines pour la Maison blanche, Donald Trump et Ben Carson, en tête dans les sondages, ont peiné à défendre leurs projets économiques.
À trois mois des primaires américaines pour la présidentielle de 2016, les dix candidats républicains en tête des sondages pour l’investiture du parti se sont retrouvés mercredi 28 octobre à l’Université du Colorado, pour un débat de deux heures consacré à l’économie, et retransmis sur la chaîne financière CNBC.
Organisée alors que le parti républicain reste sans leader évident et sans direction, cette troisième rencontre n’a toujours pas fait émerger une tête de proue. Les deux favoris – le magnat de l’immobilierDonald Trump et l’ancien neurochirurgien Ben Carson – sont restés discrets. Tandis que le sénateur de Floride, Marco Rubio, ainsi que le sénateur du Texas, Ted Cruz, et le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, ont su tirer leur épingle du jeu.
« Il est très difficile de déterminer à l’issue du troisième débat républicain s’il y a un gagnant. Entre les dix candidats, il y a peu de différences sur les questions économiques, surtout sur la politique fiscale. C’est plus sur les questions de style et de comportement que les Américains vont baser leur jugement », analyse Gallagher Fenwick, correspondant de France 24 à Washington.
Trump et Carson peinent à se distinguer
Question de style justement, les électeurs se sont jusqu’à maintenant captivés pour les outsiders, Donald Trump et Ben Carson, qui remportent à eux deux environ la moitié des intentions de vote. Sans expérience politique, Trump et Carson captivent la base conservatrice pour leur discours anti-establishment.
Pourtant la joute tant attendue n’a pas eu lieu. Les deux meneurs de la course ont peiné à défendre leurs projets économiques. Donald Trump, qui a fait de son expérience en affaires son premier argument de campagne, a été attaqué pour des propositions jugées irréalistes ou approximatives, notamment une énorme baisse d’impôts et la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique. « Nous sommes sur le point de peut-être choisir quelqu’un incapable de faire ce travail », a déclaré John Kasich, le populaire gouverneur de l’Ohio.
Ben Carson, un brillant neurochirurgien à la retraite, s’est lui aussi retrouvé en difficulté pour justifier sa proposition d’un taux d’impôt unique à 10 %, sur le modèle d’une dîme. Sans expérience politique, il a confessé en début de débat que sa plus grande faiblesse était « de ne pas vraiment se voir dans cette position jusqu’à ce que des centaines de milliers de personnes commencent à me demander de me lancer ». Et il a buté sur plusieurs sujets, répondant par de longues explications emmêlées ou recourant à des expressions comme « un tas de conneries » sur une question fiscale.
Débat patricide entre Bush et Rubio
Le vrai combat s’est produit entre deux ex-alliés : le sénateur de Floride Marco Rubio, et l’ancien gouverneur du même État, Jeb Bush, autrefois son sponsor en politique. Le premier est sur une trajectoire montante, tandis que le second est tombé à la quatrième place des sondages.
L’héritier de la dynastie Bush a reproché au sénateur Rubio son absentéisme au Sénat, mais sans réussir à décocher de flèche mortelle face à un Rubio préparé à une telle attaque. Jeb Bush ressort du débat sans moment fort, une prestation poussive qui ne devrait pas l’aider à enrayer la tendance négative. À l’inverse, M. Rubio, télégénique fils d’immigrés cubains, a démontré ses talents d’orateur, percutant et spirituel.
L’histoire montre que les sondages, à ce stade, ne sont pas prédictifs des futures élections. Les candidats qui menaient les primaires au même moment en 2007 et 2011 ont tous perdu. Mais ils illustrent la popularité des « outsiders » dans cet automne ravageur pour les sortants. Le prochain débat républicain aura lieu le 10 novembre. L’élection présidentielle dans un an.
Avec AFP