Incroyable mais vrai : Lamine Diack avoue avoir couvert le dopage russe

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Le Sénégalais Lamine Diack, ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), a dévoilé aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales avoir reçu 1,5 millions d’euros destiné à la campagne de Macky Sall pour l’élection présidentielle sénégalaise de février 2012. En échange, Lamine Diack s’est engagé à couvrir les pratiques de dopage de la Russie et retarder des suspensions d’athlètes russes.

Après avoir tenté de nier les soupçons de corruptions qui le visaient, Lamine Diack a finalement décidé de parler. Le Monde révèle ce vendredi 18 décembre les aveux passés par Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale (IAAF), mis en examen pour « corruption passive » et « blanchiment aggravé », face aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales.

Financer la présidentielle 2012 au Sénégal

Le 2 novembre dernier, il a lâché une bombe aux enquêteurs en révélant vouloir gagner la « bataille de Dakar » pour « renverser le pouvoir en place ». Une allusion aux élections présidentielle et législatives de 2012. « Il fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, sensibiliser les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements pour louer les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer des tracts dans tous les villages et tous les quartiers de la ville », raconte-t-il selon des extraits de procès-verbaux cités par Le Monde. C’est aussi à ce moment-là qu’apparaissent des soupçons de dopage concernant des athlètes russes, à quelques mois des championnats du monde d’athlétisme à Moscou.

Avec Habib Cissé, son conseiller juridique, et Gabriel Dollé, le responsable du département médical et antidopage de l’IAAF, Lamine Diack couvre les pratiques dopantes et retarde les suspensions, en échange d’argent. Valentin Balakhnichev, alors président de la Fédération russe et trésorier de l’IAAF, organise tout selon Lamine Diack. « Nous nous sommes entendus, la Russie a financé », explique-t-il. « Quand j’ai sollicité une aide de la part de Balakhnichev, je lui ai dit que pour gagner les élections, il me faudrait environ 1,5 million d’euros. (…) Il m’a dit :  »On va essayer de les trouver, il n’y a pas de problème ». » C’est son fils Papa Massata Diack qui s’est chargé du financement auprès de Valentin Balakhnichev.

Interrogé par l’Agence france presse, l’un des avocats de Lamine Diack a réfuté tout lien entre cette aide financière et l’attitude de son client face aux cas de dopage en Russie. « Lamine Diack conteste absolument qu’il y ait un lien entre ce financement en 2012 et le sort des athlètes russes », a déclaré Me Alexandre Varaut. « Ce que la Russie a pu faire pour le financement des élections au Sénégal n’est pas la contrepartie d’un avantage consenti aux athlètes ou à la fédération russe », a-t-il ajouté.

La Russie et le Sénégal démentent

Toujours dans Le Monde, Valentin Balakhnichev dément. « Ni moi ni ma fédération n’avons été impliqués dans une telle discussion ou affaire avec M. Diack. Ce type de business n’est pas de notre intérêt et pouvoir. Nous ne pouvons pas interférer dans les affaires intérieures du Sénégal. »

Concernant la suspension des athlètes russes, Lamine Diack a reconnu que l’IAAF était à ce moment-là en négociation pour ses droits de sponsoring, avec la chaîne de télévision russe RTR et la banque publique russe VTB. « Il fallait reporter la suspension (…) après les championnats du monde de 2013. (…) S’il n’y avait pas eu de droits de télévision, de droits marketing, et si des athlètes avaient été suspendus, c’était la catastrophe », avoue Lamine Diack.

La Russie aurait donc acheté la protection de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) contre le financement de la campagne électorale de Macky Sall au Sénégal. El Hadj Kassé, le ministre chargé de la Communication de la présidence a déclaré n’avoir reçu « aucun financement de Lamine Diack et a fortiori de la Russie ».

Seydou Nourou Ba avec Rfi