Migrer en Europe, rester au Sénégal, ou rentrer en Guinée ? Créer des emplois pour garder les jeunes au pays, c’est ce que fait depuis dix ans un programme sénégalais. En Guinée, après une ou plusieurs tentatives de passage, certains migrants décident de rentrer au pays. En Allemagne, Refugees Welcome met en relation des migrants avec des particuliers qui veulent bien les héberger.
C’est au bout du bout du Sénégal, à Bakel, que l’ambassadeur de France, Jean-Félix Paganon, arrive, accueilli par une personnalité locale, Sakho Boubou, mais un local qui vit en France. C’est lui qui représente la puissante diaspora de l’Hexagone. Une diaspora, qui a été aidée financièrement par l’Etat français pour monter un centre de formation. Sakho Boubou : « Ce qui nous intéresse sincèrement, c’est permettre aux enfants de Bakel de ne plus aller à l’aventure ».
Depuis 10 ans, Pape Birama Thiam coordonne tous les projets développés dans le cadre de cette relation France-diaspora sénégalaise. Son idée, former la jeunesse avant de développer la région de Bakel : « Il fallait d’abord renforcer le capital humain avant de passer à l’étape dans le deuxième projet ». Malgré cette volonté de fixer les nouvelles générations, des apprentis comme Fatoumata, n’attendent qu’une chose, partir : « Je voudrais apprendre pour aller ailleurs pour réussir dans la vie ».
Jean Félix Paganon, écoute, félicite les uns et les autres pour le travail accompli, mais l’ambassadeur de France voit déjà plus loin : « Quand je pose la question et que je demande, combien de jeunes ont trouvé un emploi ? Il n’y a pas véritablement de réponses. Mais je pense que c’est ça, la grande complexité, c’est de sortir d’une logique de développement projet, à une logique de développement global ». Amadou, 19 ans, compte bien participer à ce développement : « Je veux vivre ici et réaliser mes rêves ici. C’est ça que je veux ».
■ Rentrer en Guinée
En Guinée, ils sont nombreux chaque année à quitter leur pays illégalement pour tenter leur chance en Europe. Après une ou plusieurs tentatives échouées, certains d’entre eux décident de revenir dans leur pays d’origine. Au port de Boulbinet, Alexi est vendeur de poissons. Mais au-delà des étals du marché, il rêve d’ailleurs. Il y a quelques mois, il est parti tenter sa chance au Maroc, avant de revenir dans son pays natal. Alexi Kounoumou : « Quand je suis rentré, j’avais tellement dépensé. J’ai vu un ami se faire tuer devant moi. Quand je suis venu au pays, les amis disaient, toi tu n’es pas courageux. Et l’argent que tu as envoyé, tu as tout gaspillé. Mais personne ne comprend réellement ce qui se passe là-bas. Mon expérience, ça a été un échec. Mais j’ai beaucoup d’idées encore ».
Dans sa boutique d’alimentation, Diallo a lui aussi voulu réussir en Europe : « C’est comme un rêve que j’avais?? Si je n’étais pas parti en Europe, peut-être j’allais réussir plus là où je suis. J’ai perdu quatre ans. Je préfère rester ici chez moi parce que, ici, je vis mieux. Tout le monde me respecte. Tu vis chez toi, toute ta famille est près de toi ». Depuis 2005, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a aidé 2 500 Guinéens à se réinstaller. Abdoulaye Diallo est chargé du projet : « Dans une infime partie des cas, ce retour est réellement volontaire. Mais dans la majorité des cas, c’est des gens qui ont compris que, s’ils ne retournent pas, ils sont perdants dans tous les cas. C’est des gens qui reprennent leur vie presque à zéro. C’est des gens complètement déracinés. Il y en a qui retournent vraiment très frustrés ». En 2013, la Guinée était la seconde nationalité à demander l’asile en Belgique, derrière l’Afghanistan.
■ Migrer en Allemagne