Hellmut Ulin, le père des trois enfants de Lennik brûlés vifs après que leur mère a bouté le feu à une annexe de leur domicile où elle les avait enfermés, souhaite toujours épouser sa compagne. Selon lui, Thioro Sonja M’Bow n’était « pas elle-même lors des faits et a prouvé son comportement exemplaire en prison ». Il continue à la soutenir et refuse de suspendre leurs projets de mariage.
Début février, Sonja M’Bouw a assassiné ses trois enfants de 2, 4 et 6 ans en les enfermant dans une annexe de sa maison de la Zwartenbroekstraat à Lennik et y mettant le feu. Les trois enfants ont péri dans l’incendie sans que les secours ne puissent faire quoi que ce soit. Une quatrième fillette, qui était encore à l’école lors des faits, est la seule enfant rescapée de la mère infanticide. Cette dernière vient de voir son mandat d’arrêt prolongé de trois mois suite à la décision sans surprise de la chambre du conseil de Bruxelles.
« Elle est l’auteur, mais pas la seule responsable »
« On s’y attendait », explique son compagnon, Hellmut Ullin. « L’enquête n’est pas terminée et les auditions non plus. Elle comparaîtra à nouveau en mars ». Elément rarissime dans une tragique affaire de drame familial, le père des enfants continue de soutenir la meurtrière présumée. Malgré qu’il a perdu trois enfants et qu’il reste convaincu de sa culpabilité, Ullin refuse de laisser tomber son amie et a toujours pour projet de l’épouser. « On se l’est toujours promis. On était ensemble, on vivait ensemble, on a eu trois enfants ensemble. Alors pourquoi ne pas se marier? Le seule chose qui nous en empêchait été ma procédure de divorce en cours. Mais si nous nous marions, qu’est-ce que cela peut faire qu’elle soit en prison? Les enfants n’ont jamais été maltraités et n’ont manqué de rien. Si elle est libérée et qu’elle décide que c’est fini entre nous, alors d’accord »: voilà le seul motif de séparation qu’envisage le père des enfants décédés.
Jamais agressive
Aujourd’hui, il apparaît clairement que l’homme ne veut pas que sa compagne endosse l’entière responsabilité de son acte. « Elle est évidemment l’auteur des faits et personne d’autre. Mais son problème aurait pu être pris à bras-le-corps beaucoup plus rapidement. Son histoire, ses problèmes familiaux et son médecin qui ne faisait que lui prescrire des médicaments très lourds, tout ça a pesé dans la balance. Et la justice encore plus. La police et la protection de la jeunesse sont venues très souvent ici. Son plus gros problème, c’était son traitement lourd qu’elle s’évertuait à prendre et qu’elle combinait en plus avec de l’alcool. Personne ne va nier que cela a influé sur elle. Mais agressive, non, elle ne l’a jamais été », résume-t-il.
Se retourner contre la Justice
Ulin ne prévoit donc pas de se constituer partie civile dans l’affaire mais, à l’inverse, il a prévu d’attaquer la justice belge devant la Cour de justice européenne. « Personne n’a donné de chance à mon amie et mes enfants », reproche-t-il. « La police, avec toutes ses visites, était au courant de la situation, mais selon elle ma compagne était assez grande et assez intelligente pour savoir ce qu’elle faisait. Pourtant, si quelqu’un lui avait remis les pieds sur terre, je ne serais pas en train de vous parler aujourd’hui et elle serait toujours la mère de nos enfants. Il n’y a pas eu de prise en charge appropriée et la police aurait dû interdire au médecin de continuer à pratiquer », estime-t-il.
Seydou Nourou Ba