Chronique du journaliste Bader : Un référendum de toutes les mutations

BADERLa campagne pour le référendum est presque arrivée à son terme. Comme on le craignait, elle a été émaillée par quelques violences : à Fatick, ville natale du président, à Ndioum, Ziguinchor, etc. Toucher du bois suffira-t-il  pour que ces dérives n’aillent crescendo d’ici Dimanche, le Jour J ? La question n’est pas à occulter d’autant que les plaidoyers pour la quête du verdict populaire ont été assez relayés par les médias privés, le parti pris du Directeur de la Télévision nationale pour le « Oui », que veut le pouvoir en place, est si manifeste qu’il a été souligné par le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, Babacar Touré, qui n’a que ses yeux pour pleurer.

Cette campagne a aussi démontré une opposition réactive, face à un camp qui fait feu de tout bois : moyens financiers et logistiques de l’Etat, « achats de consciences », opérations de retournements de leaders d’opinions, etc. En face, l’opposition et la société civile tardent toujours à parler d’une même voix. Même pour ses affiches, que  submergent celles du « Oui » un peu partout à travers le pays, le camp du « Non » ne peut que se plaindre et prendre acte. Même la révélation du conseiller juridique du président Sall, Ismaïla Madior Fall, n’a pas si ému : En lieu et place des quinze points annoncés, le projet de réformes en compte vingt ! Ainsi le camp du « Oui » n’est pas jusque-là si esseulé. Tout au plus, en faveur des opposants, le président Macky a été hué en quelques endroits du pays. Des antipathies isolées ou des lames de fond annonçant un tsunami pour le locataire du palais ? En tout cas, Macky a réussi à avoir la  majorité des tenants du pouvoir spirituel sénégalais de son côté. Réussiront-ils pour autant à faire brûler des  T-shirts du « Non » par leurs jeunes porteurs, comme ce fut le cas à Touba Sam ?

Une chose reste certaine : ce référendum sera celui des mutations politiques et citoyennes dans les grandes villes du pays, particulièrement ; tant il a lézardé des coalitions, partis, mouvements citoyens, familles religieuses et, même, associations sportives !  Les signes du début d’un monde qui s’effondre ? Des Sénégalais le craignent, malgré les assurances du président Sall et ses affidés.

Alioune Badara DIALLO